Bag om AU JEUNE ROYAUME D'ALBANIE
La constitution de l'Albanie indépendante était si peu prévue par l'opinion publique que beaucoup d'esprits se demandent si elle n'est pas seulement une de ces inventions diplomatiques, telles qu'il en jaillit parfois dans les conférences internationales, quand on ne sait comment résoudre une difficulté; disons le mot, elle a été une surprise. Aussi chacun se demande: les Albanais sont-ils autre chose qu'un souvenir historique et presque archéologique? Ces hommes, que nous ne connaissons guère que par l'histoire de la conquête turque, subsistent-ils donc encore? Forment-ils une nation? Si celle-ci existe, comment l'ignorait-on? Si elle n'existe pas, qu'est-ce que cet État nouveau? On le délimite; mais, dans ces limites, que va-t-il se passer? Est-ce un foyer d'anarchie que l'on prépare ou que l'on attise? Est-ce un terrain de chasse que l'on borne pour l'Autriche et pour l'Italie? Cet État est à quelques heures de Venise et personne n'y pénètre; on y envoie un prince, mais il ne sait par quel bout commencer son nouveau travail. Que se passe-t-il donc derrière la ligne de ces rivages inhospitaliers et que nous réserve cette nouvelle forme de la question d'Orient? Telles sont assurément quelques-unes des questions que tous se posent et dont chacun parle d'autant mieux qu'il n'y est point allé voir. Dans les pages qui vont suivre, j'ai essayé seulement de donner une image fidèle des régions les plus importantes et les plus populeuses de l'Albanie autonome.
Vis mere