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Il y a plus de trois mille ans, un petit peuple pasteur et guerrier, parti selon toute apparence des plaines situées entre la Mer-Caspienne et le lac Aral, descendait des froides régions de la Haute-Asie, en s'avançant vers les belles contrées arrosées par l'Indus, le Gange et la Djamounâ. Ce petit peuple, c'étaient les Aryens. Poussés par l'instinct de la migration, ils marchaient résolument à la recherche d'une terre promise, d'une nouvelle patrie, dans laquelle les premiers historiens grecs, antérieurs d'un et deux siècles à l'expédition d'Alexandre, nous les montrent établis sous le nom d'Indiens; mais ces Indiens, qui se nommaient eux-mêmes les hommes vénérables, âryas, ne formaient que l'un des trois rameaux de la grande famille asiatique, iranienne ou aryenne, dont les plaines de la Chaldée avaient été le berceau. Des deux autres branches, l'une demeura sur le sol natal: ce fut le peuple zend, d'où sortirent les Mèdes et les Perses; l'autre donna naissance aux nations qui, s'écoulant par le Caucase et suivant les deux rives de la Mer-Noire, occupèrent l'Asie-Mineure et se répandirent dans toute l'Europe: ce furent les Grecs, les Romains, les Celtes, les Germains, les Slaves, etc. Voilà en deux mots l'histoire de la race japhétique, de ces descendants du second fils de Noé dont la Bible a dit en termes si précis: C'est d'eux que sont issus les peuples les plus éloignés, qui se sont répandus dans leurs pays divers, chacun avec son langage et ses familles, et qui formèrent des nations 1. Ces paroles du livre saint, encore plus vraies pour l'avenir que pour le passé, la philologie les a pleinement confirmées. N'a-t-elle pas mis en parfaite lumière le lien qui unit entre eux tous les idiomes anciens et modernes parlés par les peuples des trois rameaux de la race aryenne ?...
... Quand il revenait le soir, après ces journées passées au grand air dans une indépendance complète, combien lui paraissait plus triste encore cette cabane obscure, enfumée, au fond de laquelle il n'apercevait que les figures mornes et revêches du vieux paysan et de sa femme ! Peu à peu, l'idée de fuir s'empara de lui pi us vivement. Le besoin de l'inconnu, qui peut tourmenter l'esprit d'un petit fellah comme l'âme d'un poète, le sollicitait nuit et jour à s'élancer au-delà de cette sphère, où rien ne souriait à sa jeunesse. Il hésita d'abord entre la terre et l'eau, entre le désert et le Nil. On sait que les caravanes, se montrant tout à coup à l'horizon comme le navire sur la mer, au retour d'expéditions lointaines et mystérieuses, exercent d'ordinaire sur l'imagination de l'Africain un attrait irrésistible; mais, pour l'Égyptien, le Nil est la route sacrée qui mène aux lieux où le soleil se lève. Ce fut donc le fleuve qui l'emporta; déposant à ses pieds la fronde et le sac plein de cailloux, Ismaël se mit à courir droit au rivage...
" Quand on fait tourner sous ses doigts un globe terrestre (et c'est là un des plus beaux délassements de l'esprit), le regard est attiré moins par les grandes divisions de l'univers que par les îles sans nombre répandues dans les océans. Celles-ci, appliquées, pour ainsi dire, à un cap dont elles sont la pointe extrême, projetées le long d'un continent dont elles forment comme l'appendice, ont été arrachées de la côte ferme par ces cataclysmes anciens que la science constate, et que la tradition locale rapporte parfois sous le voile de la légende. Celles-là, réunies en archipels, et figurant des constellations, déployées à travers une mer immense comme une voie lactée, semblent tantôt les débris d'un monde à demi submergé, tantôt des points de halte préparés par la Providence pour les peuples que l'instinct impérieux des migrations poussera vers des rives lointaines..."
" La petite île de Colabah forme comme un appendice de l'île plus étendue sur laquelle s'élève la ville de Bombay. Bien qu'elle soit presque partout environnée de rochers noirs, battus par les vents de la mousson, elle offre des parties assez fertiles, et les Anglais y ont bâti un certain nombre de ces maisons de plaisance, - nommées dans le pays bungalows, - où ils aiment à passer la saison des chaleurs. Le capitaine Josuah Mackinson habitait, en 1840, l'une de ces villas, construite sur le bord même de la mer. Vers la fin de l'été, s'étant levé un peu avant l'aurore selon son habitude de chaque jour, le capitaine se mit à se promener dans son jardin. La brise du matin frémissait dans les longues feuilles des cocotiers qui ornaient les quatre coins de sa maison, comme les panaches d'un dais. Les fleurs odorantes au large calice, dont nous admirons dans nos serres chaudes les pâles reproductions, exhalaient leurs parfums enivrants et les oiseaux, parés des plus vives couleurs, se jouaient en gazouillant à travers les branches des figuiers..."
" ...Un auteur anglais reproche à ses compatriotes d'avoir généralement moins bien choisi l'emplacement de leurs villes dans l'Inde que les autres Européens; mais la raison en est que les Anglais vinrent les derniers, et peut-être ce fut cette circonstance peu favorable qui les obligea à faire de plus grands efforts pour compenser l'infériorité de leur position. Comme nous l'avons dit, en 1717 Calcutta n'était qu'une misérable ville environnée de marécages, de forêts, et faiblement défendue par un petit fort, puisqu'en 1742 il fallut creuser un fossé pour prévenir l'attaque des Mahrattes. Ce peuple belliqueux, séparé en deux nations par la double usurpation du premier ministre Balajee Bajerow et du trésorier Bagojee Boonsla (qui, refusant obéissance au prince Ram Radja, s'étaient fixés l'un à Poonah, l'autre à Nagpour), obéissait à une foule de petits chefs, à peu près indépendants les uns des autres, mais toujours prêts à s'unir contre l'ennemi commun. La puissante confédération des Mahrattes venait d'enlever Salsette et la forteresse de Bassein aux Portugais, de soumettre tout le pays de l'Indus au Gange, comme pour indiquer d'avance aux Anglais que, pour être maîtres de l'Inde entière, il fallait s'appuyer sur les deux grands fleuves qui sont ses limites naturelles..."
"... Les Arabes, qui commerçaient par mer avec la Chine dès le VIIIe siècle de notre ère, s'établirent de bonne heure dans l'île de Ceylan. En 1505, ils y avaient si bien pris pied, que le roi de Kandy consentit à payer un tribut aux portugais, à la condition que ceux-ci l'aideraient à se défaire de ces importuns étrangers. Cent cinquante ans plus tard, les Hollandais, après une longue rivalité, parvinrent à chasser les portugais; ils restèrent les maîtres des provinces maritimes de Ceylan jusqu'en 1796, époque à laquelle l'Angleterre les en dépouilla pour toujours. De l'établissement des Arabes sur les côtes de Ceylan, de l'occupation plus ou moins complète de l'île par les portugais et les Hollandais, enfin de la domination exclusive des Anglais, il est résulté que l'islamisme et plus encore le christianisme ont fini par prévaloir sur la religion locale dans les villes et dans les districts qui avoisinent la mer. Ce n'est donc pas à Columbo, ni à point-de-Galles, ni à Trincomale qu'il faut rechercher les religieux bouddhistes. On ne trouverait au milieu de ces ailles fortifiées, prises, détruites et rebâties par des Européens, qu'une population mêlée; les Malabars venus de la presqu'île, les métis nés des descendants des Portugais et des Hollandais, les marchands étrangers, les pêcheurs baptisés, moitié chrétiens, moitié païens, y occupent plus de place que les Singhalais de la race ancienne. Pénétrons dans l'intérieur de l'île, au sein des régions montagneuses de l'ancien royaume de Kandy; la nature avait tout fait pour tenir ce pays à l'abri des influences du dehors. Qu'on se figure irae succession ininterrompue de montagnes à pic et de vallées profondément encaissées, tellement couvertes de forêts et si abondamment arrosées par les pluies des moussons, que les brouillards ont de la peine à se dissiper sous l'action d'un soleil de feu. L'insalubrité de ces vallées humides et marécageuses est proverbiale; pour y vivre, il faut être né dans le pays..."
" Un navigateur arabe qui se rendait de Bassorah en Chine raconte qu'il aperçut un jour sur la côte de Malabar, aux environs de Ceylan, un pénitent hindou assis dans l'attitude de la méditation, la face tournée vers le soleil, et n'ayant pour tout vêtement qu'une peau de panthère roulée autour des reins. Seize ans après, ajoute le voyageur, je retournai dans le même pays, et je retrouvai cet homme dans la même situation. Ce qui m'étonna le plus, ce fut que son corps n'eût pas été fondu par la chaleur1 ! Ce pénitent immobile, plongé dans la contemplation durant tant d'années, offre une image parfaite de l'Inde elle-même, qui pendant près de trente siècles a médité sur l'essence et les attributs de la Divinité, comme aussi sur la nature et les destinées de l'homme. Elle a dogmatisé par la bouche de ses brahmanes, elle a chanté aussi les exploits de ses héros dans une langue savante et harmonieuse; mais tandis que tout se modifiait autour d'elle, ceux qui l'étudiaient à mille ans d'intervalle la retrouvaient dans la même attitude, livrée aux mêmes pensées. Entraînée par son génie rêveur et mystique dans les sphères de la philosophie abstraite, elle semble avoir perdu jusqu'au souvenir de sa propre existence; à qui l'interroge sur son histoire, elle répond par des récits fabuleux, par de merveilleuses légendes. Et pourtant l'Inde a vécu plus longtemps que tant d'autres nations qui paraissaient plus puissantes et plus fortement constituées. Le secret de sa durée et de sa force, il faut donc le chercher dans ses lois et dans son organisation sociale. Or, parmi les institutions qui lui sont propres, celle qui la caractérise le mieux, celle qui a le plus puissamment contribué à la maintenir stationnaire, mais toujours debout, c'est assurément le régime des castes..."
" À l'ouest de l'archipel des Açores, si pittoresque et si brillant de végétation, se trouvent deux petites îles pauvres et comme oubliées au milieu de l'Océan-Atlantique: on les nomme Flores et Corvo. Séparées l'une de l'autre par un étroit canal, elles semblent ne former qu'une seule terre. Les grandes vagues de la mer leur livrent constamment de rudes assauts, tandis que le vent du large s'abat avec violence sur leurs côtes découpées d'âpres rochers. Au sommet des plateaux, on aperçoit, autour des maisons couvertes de briques rouges, des champs de blé, des enclos semés de grosses fèves, et aussi des plants de vigne qui produisent un vin excellent. Dans les vallées mieux abritées croissent le figuier aux feuilles épaisses, le myrte odorant et même l'oranger, mais les fruits de ce bel arbre n'arrivent point à une parfaite maturité. Enfin l'île de Flores, mieux partagée que sa compagne, possède un charmant petit parc, planté avec goût, qui sert de retraite à tous les oiseaux que la nature a chargés d'égayer ces tristes parages. J'y ai entendu, par une chaude soirée de printemps, le merle d'Europe au bec jaune siffler joyeusement auprès de son nid..."
" Dans un hameau de la Bavière rhéhane, situé non loin des bords de la Spire, un vieux paysan fumait, tranquillement assis sur un banc de bois, devant la porte de sa ferme. Le printemps brillait de tout son éclat, l'aubépine fleurissait partout sur les haies, le rossignol chantait sous les buissons, et du haut des grands arbres le coucou vagabond jetait son cri d'appel. À cette époque de l'année, il y a dans la nature tant de vie et de mouvement, le travail latent de la sève se montre de toutes parts si actif, que l'âme humaine participe, elle aussi, à ce rajeunissement universel. Habitué à vivre au milieu des champs, le vieux laboureur n'en ressentait que plus vivement l'influence des premiers beaux jours. Les mains sur ses genoux, la tête penchée, il promenait ses regards sur la verte campagne qui se déroulait devant lui et sur les eaux de la rivière qui coulaient vers le Rhin. Il en avait compté déjà beaucoup de ces riantes saisons si chères à la jeunesse: combien lui serait-il donné d'en voir encore ? Ainsi pensait-il vaguement, car la pente de la rêverie conduit vite à la tristesse; puis, comme il se redressait pour lancer la fumée de sa pipe, il aperçut à l'angle du chemin le facteur du village qui s'avançait vers lui..."
... On a tant écrit de nos jours en Europe sur toutes sortes de sujets, qu'on ne sait plus sous quel titre présenter au public un ouvrage nouveau. S'il s'agit d'un voyage, d'une excursion rapide ou d'un long séjour en pays lointain, la difficulté devient plus grande encore. Les Anglais ont fait tant de tours d'un pôle à l'autre, et le plus souvent ils en ont raconté les détails avec si peu de façons, qu'on est peu tenté de les suivre dans leurs courses au clocher. En France, qui oserait écrire désormais des souvenirs ou des impressions de voyage ? De l'autre côté du Rhin, un poète supérieur s'est emparé du titre heureux et simple, de tableaux de voyage; - Reisebilder, et personne après lui ne peut plus y prétendre: king's own, il est au roi ! C'est pourquoi on ne saurait blâmer M. Erich von Schönberg, qui a vu l'Inde et la Perse, d'avoir imité les Orientaux en donnant à son livre ce nom symbolique, Palmakhanda. Si vous n'avez pas sous la main de dictionnaire sanscrit, - ce qui est probable, - il vous suffira de parcourir la préface pour apprendre tout de suite la signification de ce mot. L'auteur a eu l'excellente idée de l'expliquer aux nombreux lecteurs qui ne l'auraient jamais deviné. Ce titre de Patmakhanda, dit-il, que j'ai choisi pour ces pages, je l'ai emprunté à la langue de l'Inde si riche en images; il signifie un lieu où le lotus abonde, et je ne crois pas avoir mérité le reproche de présomption, si j'ai présenté ces pages sous l'emblème d'un lieu où se trouve abondamment cette fleur tant célébrée par les Indiens !... ...
" ... Ceci se passait en 1799; c'était à peine si on connaissait exactement la position géographique de ce royaume de Dârfour. Un voyageur anglais, W.-G. Browne, y avait pénétré quelques années auparavant, et ses observations, bien qu'incomplètes sur divers points, étaient les seules qu'un Européen eût recueillies par lui-même; jusqu'à ce jour, elles sont les dernières. Desservi auprès du sultan par un de ses compagnons qui le représentait comme un espion dangereux, Browne fut attiré jusqu'à Kôbeyh, capitale du royaume; on l'y garda à vue. En vain sollicita-t-il, pendant deux années, la permission de quitter le pays: toute la population se retirait avec effroi d'un infidèle dont la couleur, disait-on, était un signe de maladie, une marque de la réprobation divine. Cette situation désespérée causa au voyageur un profond chagrin, et bientôt une fièvre qui le réduisit à la dernière extrémité. Ces tristes loisirs, ces jours de douleur perdus pour l'étude, il les employa à apprivoiser deux jeunes lions. Enfin, dépouillé de tout ce qu'il avait apporté avec lui, Browne put se joindre à une caravane qui le ramena, après quatre mois de voyage, dans la Haute-Égypte..."
" Attaquer l'Afrique par le nord, pénétrer jusqu'au milieu de ce mystérieux continent, a été le rêve des plus célèbres voyageurs de notre siècle. Quelques-uns ont remonté les fleuves qui se déversent dans l'Atlantique; de hardis Français, ceux-ci au nom de la civilisation et du christianisme, ceux-là dans un but scientifique et commercial, sont entrés par la mer Rouge; on les a vus s'enfoncer dans l'Abyssinie, parcourir des régions où, depuis le XVIIe siècle, l'Europe était presque entièrement oubliée. Ces nobles entreprises, accomplies avec des succès divers, ont eu, selon leur importance, le retentissement qui suit toute action grande et généreuse; de plus, elles ont attiré particulièrement l'attention sur cette partie du globe, si difficile à explorer, si peu connue encore, si étrangement peuplée de tribus et de familles presque toutes différentes entre elles. L'expédition du capitaine W. C. Barris, faite du sud au nord, du Cap au Tropique, nous a semblé être un de ces nombreux rayons qui, partant des extrémités de l'Afrique, se rapprochent plus ou moins du centre; et, bien que la relation en ait été publiée à Bombay en 1838, peut- être, faute d'avoir été traduite, a-t-elle été moins connue qu'elle ne méritait de l'être..."
" On a dit souvent et l'on répète tous les jours que les Français ne savent pas coloniser. Dans notre nation, composée de tant d'éléments divers, on affecte de voir un peuple léger, mobile, à la façon de celui d'Athènes, prompt à s'enflammer pour une entreprise hasardeuse, héroïque le plus souvent, mais trop vite rebuté par les obstacles qui s'opposent à la rapide exécution de ses projets. Ce jugement nous parait injuste; il permet de supposer chez ceux qui l'expriment une connaissance imparfaite de l'histoire. En admettant qu'il y ait dans le caractère de la nation française, prise en masse, un fonds de mobilité, peut-on reprocher ce défaut aux Normands, aux Bretons, aux Basques, qui formèrent, avec les habitants des côtes de la Guyenne et de la Saintonge, le noyau de nos colonies ? Si la France n'avait eu ni le génie des entreprises commerciales, ni l'esprit de colonisation, on ne l'aurait pas vue, la première, explorer les solitudes de l'Amérique du Nord, occuper les Antilles, former des comptoirs en Asie et en Afrique, bâtir des forts sur tous les points du globe. N'avait-elle pas eu le premier rôle dans les croisades, qui furent les grandes expéditions du moyen âge ? Certes, l'énergie, la persévérance, l'opiniâtreté même, ne manquèrent pas aux pionniers qui, au milieu de tant de vicissitudes, campèrent sur les bords du Saint-Laurent, des grands lacs, de l'Ohio, du Missouri, du Mississipi, et dans les territoires de l'ouest, où on les retrouve encore. Ils ne se laissèrent pas abattre par les difficultés incessantes qu'ils rencontrèrent, ces Normands, ces Bretons, hommes de fer et capables de supporter tous les climats, eux qui chassaient, commerçaient, défrichaient le désert depuis la baie des Chaleurs jusqu'au Mexique, préparant ainsi à leur pays tout un continent auquel on put un jour donner le nom de Nouvelle-France..."
" Les poètes de l'Occident sont tous d'accord pour célébrer la mélancolique beauté des soirs d'automne sous nos latitudes tempérées. La douce lumière du crépuscule éclairant la cime des arbres rougis par les premières gelées leur inspire ces chants plaintifs qui nous émeuvent, parce qu'ils répondent aux intimes douleurs de chacun de nous. Le spectacle de la nature silencieuse et calme, qui s'assoupit après avoir livré à l'homme le trésor de ses moissons, n'est-il pas en effet le symbole de la vie humaine si pleine de labeurs et si vite arrivée à son déclin ? En Orient, sous le climat brûlant de l'Inde, loin de se tourner avec attendrissement vers les dernières lueurs du jour, loin d'adresser un adieu mêlé de soupirs à l'année qui finit, c'est le soleil levant, c'est leur été sans fin que les poètes et les brahmanes saluent avec espérance..."
" L'Andalousie perdrait certainement de sa célébrité et Séville ne serait plus appelée la perle des Espagnes, si les touristes; affrontant une navigation de quatre mois, étendaient leurs excursions jusqu'au Pérou et visitaient Lima. Sans doute la capitale de la république péruvienne n'est plus cette opulente cité des rois (ciudad de los reyes) où l'or resplendissait de toutes parts; mais il lui reste deux choses que ne lui ôteront jamais ni les guerres civiles ni les tremblements de terre: sa position charmante au milieu d'une vaste plaine qui s'allonge depuis la base des Andes jusqu'à l'Océan Pacifique, et la splendeur sans égale de son climat tropical. En dépit des secousses d'un sol capricieux qui, dix fois déjà, ont failli les détruire de fond en comble, ses monuments lézardés sont encore debout; à l'étranger qui les voit de loin surgir parmi des masses orangers et de citronniers, ils semblent dire: La beauté de ces lieux vaut bien la peine que l'on brave une chance de péril. Comme les principales villes des espagnoles, comme toutes celles où la douceur permanente de la température appelle la population au grand air, Lima a sa plaza mayor, rendez-vous habituel des promeneurs. La cathédrale fut longtemps la plus riche du Nouveau Monde; le palais du gouvernement, édifice informe et non chinois, comme l'attestent des géographes qui ne l'ont pas vus, et le grand hôtel habité par l'archevêque..."
" Il fut donné à l'islamisme de renverser ou au moins d'humilier tout ce qui avait vieilli dans l'ancien monde, des rives du Danube aux monts Himalayas; d'émouvoir, d'exciter jusqu'à l'exaltation, en les ralliant à un seul cri, les races auxquelles il manquait un symbole, et cela au milieu du désert africain comme dans les steppes de l'Asie centrale; de s'établir partout où s'étaient développées les civilisations primitives; de galvaniser les peuplades mortes, comme aussi de mettre l'enthousiasme et le fanatisme au coeur de hordes insouciantes et presque sans culte; de les saisir dans leur mouvement de migration vers l'ouest et de les transformer en nations; enfin de faire briller sur les ruines d'un passé mystérieux et solennel l'éclat d'une splendeur extraordinaire qui désormais s'éteint de toutes parts. Durant neuf siècles, de puissants empires se formèrent çà et là dans les vastes contrées que dominait le croissant; puis, en se déplaçant, en s'absorbant les unes les autres, en transportant sur divers points alternativement le siège d'un pouvoir qui grandissait de jour en jour, les dynasties musulmanes de l'Arabie, de l'Égypte, de la Perse, de la Turquie, de l'Hindostan, accomplirent dans tout l'Orient cette oeuvre d'assimilation que le christianisme opérait en Occident. Ces dynasties, tantôt fanatiques et ignorantes, tantôt éclairées et favorables aux lettres, firent sentir successivement, d'une extrémité à l'autre de ce monde nouveau, ou le joug tyrannique d'une oppression qui brise les nationalités, ou les bienfaits d'une civilisation qui les efface aussi en les modifiant d'une façon plus douce..."
" Les Canadiens sont d'infatigables rameurs; ils ont pénétré dans les parties les plus reculées de l'Amérique, partout où il y a des rivières ou des ruisseaux capables de porter une pirogue. Leur constitution robuste les rendait propres à braver les climats les plus extrêmes; ils supportaient avec le même courage ou plutôt avec la même indifférence les rigueurs d'un hiver passé aux bords du lac Huron et les chaleurs énervantes de la Basse-Louisiane. Les quatre fleuves qu'ils fréquentaient le plus volontiers étaient le Saint-Laurent, l'Ohio, le Missouri et le Mississipi. La Nouvelle-Orléans attirait un grand nombre de ces rameurs nomades; ils venaient s'y engager comme matelots au service des caboteurs: on appelait ainsi les marchands qui remontaient sur de grandes barques les rivières de la Louisiane pour aller vendre de tous côtés, et souvent fort loin dans l'intérieur, les pacotilles importées de France et d'Angleterre. Ces colporteurs en grand étaient des Européens, surtout des Français venus en Amérique pour faire fortune; le cabotage leur offrait un moyen assuré d'arriver à leurs fins. Le métier cependant avait ses fatigues, ses périls, ses ennuis..."
" ...On le voit, Confucius fut plus moraliste que philosophe; fidèle au culte de l'antiquité qu'il acceptait tout entière, il n'eut point la prétention de fonder une école, encore moins celle de se placer à la tête d'une secte religieuse. Les Chinois, d'ailleurs, peuple patient et laborieux, ne sont guère doués de cet enthousiasme fanatique qui précipita les Arabes sur les pas de leur prophète; ils nous donnent une juste idée de leur sage en l'appelant le saint homme. Ajoutons aussi que le rôle de Confucius est à peu près unique dans l'histoire ancienne; la comparaison pèche par un point essentiel quand on le présente comme le Socrate de la Chine. Confucius n'eût pas été condamné par les juges d'Athènes à boire de la ciguë, parce que sa doctrine ne s'attaquait point aux dieux; il respecta et suivit la religion qui était alors, comme elle le fut depuis, la religion de l'état. Si les persécutions l'atteignirent, c'est que son intégrité comme ministre, la hardiesse de ses paroles, le mettaient en opposition directe avec ses collègues, et irritaient une cour corrompue dont il blâmait les excès au nom de la morale et des lois de l'antiquité..."
" ... Dès qu'on a pénétré un peu dans le pays, on retrouve partout les traces de cette féodalité ancienne dont les vieilles armures sont un dernier vestige. Sur toutes les montagnes escarpées à leur sommet, quelquefois même dans les villages, s'élevaient les forteresses des seigneurs du Maharashtra, du grand royaume; bien qu'abandonnées aujourd'hui, elles étonnent encore par l'étendue de leurs enceintes et la hardiesse de leurs positions. Quand la citadelle occupait la cime d'une colline, ses longues murailles descendaient jusque dans les plaines, jusqu'au bord d'un ravin, couvrant ainsi toute la partie accessible; d'autres fois deux montagnes se trouvaient jointes par un double rempart qui les convertissait en un seul fort grand comme une ville; des milliers d'hommes campaient à l'aise dans ces espaces immenses: c'étaient véritablement des camps retranchés..."
Il fut un temps où les Français avaient le goût et l'instinct de la colonisation: durant le XVIIe siècle et une partie du XVIIIe, on les trouvait partout, - en Asie, aux îles Mascarenhas et à Madagascar, dans les déserts du Nouveau-Monde et dans presque toutes les Antilles. Pour ne parler que de l'Amérique du Nord, ils en occupaient les deux points les plus importants, l'embouchure du Saint-Laurent et celle du Mississipi. La Nouvelle-Orléans et Québec leur ouvraient les deux fleuves immenses par lesquels ils pouvaient s'avancer librement jusqu'au coeur d'un continent inexploré. Situés sous des latitudes si différentes, le Canada et la Louisiane se développèrent en sens inverse des espérances qu'ils avaient fait naître. Les plaines fertiles, mais insalubres du Mississipi dévorèrent les premiers habitants qu'y envoya la France, et engloutirent les capitaux qu'une spéculation désordonnée y jetait sans calcul. Sur les bords du Saint-Laurent au contraire, où l'émigrant devait travailler avec persévérance et de ses propres mains pour se nourrir, une population laborieuse et rangée défricha le sol...
" ...dans ces temps reculés, les navires, traversant des détroits ou des mers intérieures, ne faisaient presque autre chose que passer un bac, porter des marchandises d'une caravane à l'autre; ces petits voyages pouvaient s'accomplir sans le secours de la boussole, de cette étoile toujours lumineuse que le nautonnier tient dans le creux de sa main. De la Méditerranée à la mer Jaune, du détroit des Dardanelles à la Manche de Tartane, dans tout l'Orient, ce pays de migrations incessantes, les routes restaient tracées, et le commerce dut avoir lieu par caravanes; avant de construire de grands vaisseaux, le Persan, l'Arabe, l'Egyptien, l'Hindou, employèrent les animaux rapides ou robustes que Dieu leur avait donnés: le cheval, le chameau, l'éléphant. La source des peuples comme celle des fleuves est sur les plateaux: élevés, au sein des continents. Effrayé de l'immensité de l'Océan, toujours furieux aux abords des caps, qu'une crainte superstitieuse faisait regarder comme infranchissables, l'homme aima mieux traverser le désert que de le tourner. Les anciennes puissances maritimes ne semblaient-elles pas aussi destinées à périr en un seul jour comme ! e vaisseau dans la tempête ? On eût dit qu'elles n'avaient pas plus de racines dans le sol que les populations flottantes ralliées au hasard dans leurs ports. Malgré leur opulence, Tyr, Sidon, Carthage, l'Alexandrie des Ptolémées elle-même, bien que moins exclusivement commerçante et reine aussi par la philosophie et les lettres, n'eurent pas les proportions de Thèbes, de Memphis, de Balbec, de Palmyre, de ces gigantesques cités assises en terre ferme loin d'un océan quelconque; elles n'étaient pour ainsi dire que des villes du second âge..."
" ... Dans un village de la petite île de Salsette, située tout près de Bombay, et que ses temples souterrains ont rendue célèbre, vivait un brahmane du nom de Nilakantha. Il desservait une pagode dont le revenu suffisait à son existence; l'étude des textes sacrés, la méditation et les rêveries extatiques occupaient ses journées. Moins que personne il doutait de ses propres vertus et de l'autorité de sa parole sur les Hindous de basse caste dont il recevait les offrandes. Par malheur, des missionnaires s'établirent dans son voisinage; la cloche de l'église attira peu à peu une partie considérable des ouailles du brahmane, qui se trouva presque seul au pied de ses idoles. Ruiné par la désertion des fidèles, Nilakantha les menaça d'abord de la colère des dieux, puis il se décida à chercher un autre genre de vie. Parmi les professions que les lois de sa caste lui permettaient d'embrasser il choisit celle d'écrivain. Un riche babou, qui détestait les Européens et leur prêtait son argent à gros intérêts, lui offrit une place dans ses bureaux. Cette circonstance fut cause que Nilakantha transporta ses dieux domestiques au milieu d'un des hameaux qui environnent la grande ville de Bombay...."
This is a reproduction of a book published before 1923. This book may have occasional imperfections such as missing or blurred pages, poor pictures, errant marks, etc. that were either part of the original artifact, or were introduced by the scanning process. We believe this work is culturally important, and despite the imperfections, have elected to bring it back into print as part of our continuing commitment to the preservation of printed works worldwide. We appreciate your understanding of the imperfections in the preservation process, and hope you enjoy this valuable book.
This is a reproduction of a book published before 1923. This book may have occasional imperfections such as missing or blurred pages, poor pictures, errant marks, etc. that were either part of the original artifact, or were introduced by the scanning process. We believe this work is culturally important, and despite the imperfections, have elected to bring it back into print as part of our continuing commitment to the preservation of printed works worldwide. We appreciate your understanding of the imperfections in the preservation process, and hope you enjoy this valuable book. ++++ The below data was compiled from various identification fields in the bibliographic record of this title. This data is provided as an additional tool in helping to ensure edition identification: ++++ Notice Sur Les Travaux De M. Eugène Burnouf Théodore Pavie
" Pendant les premières années qui suivirent la restauration, la partie de la Vendée que l'on nomme le Bocage présentait un aspect à la fois triste et souriant. Partout, dans les bourgs et à travers la campagne, on apercevait des maisons à moitié écroulées et désertes, dont les murailles chancelantes, soutenues à peine par des poutres noircies, tremblaient au vent d'automne. Dans presque toutes les paroisses se dressaient les ruines des châteaux brûlés pendant les guerres de la révolution, tours lézardées servant de retraite aux chouettes et aux éperviers, donjons chargés de lierre autour desquels s'ébattaient durant les beaux jours des volées d'hirondelles et de martinets. Au milieu de l'eau stagnante des douves remplies de joncs, on entendait le cri sourd de la jodelle ralliant ses petits. Cependant à côté de ces muets témoins d'une époque désastreuse s'édifiaient de nouvelles demeures, mieux construites et plus spacieuses que les anciennes. En face des manoirs féodaux qui ne devaient plus se relever de leurs ruines, au pied de ces édifices gigantesques saccagés par les colonnes républicaines, de grandes métairies toutes neuves montraient à travers les arbres leurs toits de briques rouges..."
" Le soleil venait de disparaître derrière les mornes, et les nègres qui portaient nos bagages se débarrassèrent de leurs fardeaux comme des gens en disposition de faire halte. Nous étions parvenus à l'endroit où se joignent deux petits ruisseaux qui donnent naissance à la rivière des Marsouins, l'une des plus larges et des plus limpides de toutes celles dont les eaux capricieuses arrosent l'île Bourbon. Devant nous, vers l'ouest, par-delà le Coteau-Maigre, se dressait une muraille de montagnes volcaniques, au-dessus desquelles le Piton-de-fournaise lançait sa longue colonne de fumée. En nous tournant du côté de l'est, comme contraste à cette nature âpre et menaçante, nous voyions, entre deux cimes arrondies et boisées, la mer aussi calme qu'un beau lac. Un grand navire, faisant route vers l'île de France, reflétait dans ses voiles les dernières teintes du jour, et les vagues, sans cesse agitées le long de la côte, écumaient en se brisant sur les promontoires..."
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