Bag om Ismaël er-Raschydi
... Quand il revenait le soir, après ces journées passées au grand air dans une indépendance complète, combien lui paraissait plus triste encore cette cabane obscure, enfumée, au fond de laquelle il n'apercevait que les figures mornes et revêches du vieux paysan et de sa femme ! Peu à peu, l'idée de fuir s'empara de lui pi us vivement. Le besoin de l'inconnu, qui peut tourmenter l'esprit d'un petit fellah comme l'âme d'un poète, le sollicitait nuit et jour à s'élancer au-delà de cette sphère, où rien ne souriait à sa jeunesse. Il hésita d'abord entre la terre et l'eau, entre le désert et le Nil. On sait que les caravanes, se montrant tout à coup à l'horizon comme le navire sur la mer, au retour d'expéditions lointaines et mystérieuses, exercent d'ordinaire sur l'imagination de l'Africain un attrait irrésistible; mais, pour l'Égyptien, le Nil est la route sacrée qui mène aux lieux où le soleil se lève. Ce fut donc le fleuve qui l'emporta; déposant à ses pieds la fronde et le sac plein de cailloux, Ismaël se mit à courir droit au rivage...
Vis mere