Bag om La Marine des Arabes et des Indous
" ...dans ces temps reculés, les navires, traversant des détroits ou des mers intérieures, ne faisaient presque autre chose que passer un bac, porter des marchandises d'une caravane à l'autre; ces petits voyages pouvaient s'accomplir sans le secours de la boussole, de cette étoile toujours lumineuse que le nautonnier tient dans le creux de sa main. De la Méditerranée à la mer Jaune, du détroit des Dardanelles à la Manche de Tartane, dans tout l'Orient, ce pays de migrations incessantes, les routes restaient tracées, et le commerce dut avoir lieu par caravanes; avant de construire de grands vaisseaux, le Persan, l'Arabe, l'Egyptien, l'Hindou, employèrent les animaux rapides ou robustes que Dieu leur avait donnés: le cheval, le chameau, l'éléphant. La source des peuples comme celle des fleuves est sur les plateaux: élevés, au sein des continents. Effrayé de l'immensité de l'Océan, toujours furieux aux abords des caps, qu'une crainte superstitieuse faisait regarder comme infranchissables, l'homme aima mieux traverser le désert que de le tourner. Les anciennes puissances maritimes ne semblaient-elles pas aussi destinées à périr en un seul jour comme ! e vaisseau dans la tempête ? On eût dit qu'elles n'avaient pas plus de racines dans le sol que les populations flottantes ralliées au hasard dans leurs ports. Malgré leur opulence, Tyr, Sidon, Carthage, l'Alexandrie des Ptolémées elle-même, bien que moins exclusivement commerçante et reine aussi par la philosophie et les lettres, n'eurent pas les proportions de Thèbes, de Memphis, de Balbec, de Palmyre, de ces gigantesques cités assises en terre ferme loin d'un océan quelconque; elles n'étaient pour ainsi dire que des villes du second âge..."
Vis mere