Bag om Les Fantômes de la démagogie
" Nous ne savons plus quel sceptique prétendait qu'il aimait mieux rencontrer la nuit sur son chemin un spectre qu'un vivant. En effet, disait-il, un homme qui possède à la fois un corps et une âme est bien plus redoutable qu'un fantôme, qui n'est, après tout, qu'une âme errante dépourvue d'un corps. Ce qui la rend si redoutable n'est que son invisibilité, ses longs gémissements, l'horreur de la nuit et les circonstances de temps et de lieu au sein desquelles elle apparaît. - Nous sommes tout-à-fait de cet avis. Les fantômes n'ont d'autres pouvoirs que ceux nous nous leur prêtons. Les frayeurs qu'ils causent, l'effroi qu'ils inspirent sont leurs armes les plus terribles. Le socialisme est-il un fantôme ? La société, au contraire, doute-t-elle de sa réalité ? Si la société est une réalité, elle a en elle une force double de celle que possède le socialisme. Pourquoi donc s'effraie-t-elle? Pourquoi, au lieu de marcher droit sur lui pour l'interroger, les hommes de notre temps s'arrête-t-ils à deviser entre eux, à se communiquer leurs craintes, comme les compagnons d'Hamlet sur l'esplanade du château d'Elseneur ? Qu'ont-ils à craindre ? et quel mal est pire que la peur, qui, en paralysant les forces d'action, nous livre inévitablement à nos ennemis ? Assez longtemps la société a été livrée à des craintes chimériques; assez longtemps, comme les enfants, elle s'est effrayée des sifflements du vent et des bruits de l'orage. Il est temps qu'elle se rassure, et qu'elle sache qu'elle n'a devant elle que des fantômes. Il faut enfin que toutes les puérilités de l'opinion se dissipent, et que la société vive comme elle a toujours vécu, dans la lumière, dans la réalité, dans la vie..."
Vis mere