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" Madame, voici l¿¿uvre que vous m¿avez demandée : je suis heureux, en vous la dédiant de pouvoir vous donner un témoignage de la respectueuse affection que vous m¿avez permis de vous porter. Si je suis accusé d¿impuissance après avoir tenté d¿arracher aux profondeurs de la mysticité ce livre qui, sous la transparence de notre belle langue, voulait les lumineuses poésies de l¿Orient, à vous la faute ! Ne m¿avez-vous pas ordonné cette lutte, semblable à celle de Jacob, en me disant que le plus imparfait dessin de cette figure par vous rêvée, comme elle le fut par moi dès l¿enfance, serait encore pour vous quelque chose ? Le voici donc, ce quelque chose. Pourquoi cette ¿uvre ne peut-elle appartenir exclusivement à ces nobles esprits préservés, comme vous l¿êtes, des petitesses mondaines par la solitude ? ceux-là sauraient y imprimer la mélodieuse mesure qui manque et qui en aurait fait entre les mains d¿un de nos poètes la glorieuse épopée que la France attend encore. Ceux-là l¿accepteront de moi comme une de ces balustrades sculptées par quelque artiste plein de foi, et sur lesquelles les pèlerins s¿appuient pour méditer la fin de l¿homme en contemplant le ch¿ur d¿une belle église...."
" En 1308, il existait peu de maisons sur le Terrain formé par les alluvions et par les sables de la Seine, en haut de la Cité, derrière l¿église Notre-Dame. Le premier qui osa se bâtir un logis sur cette grève soumise à de fréquentes inondations, fut un sergent de la ville de Paris qui avait rendu quelques menus services à messieurs du chapitre Notre-Dame ; en récompense, l¿évêque lui bailla vingt-cinq perches de terre, et le dispensa de toute censive ou redevance pour le fait de ses constructions. Sept ans avant le jour où commence cette histoire, Joseph Tirechair, l¿un des plus rudes sergents de Paris, comme son nom le prouve, avait donc, grâce à ses droits dans les amendes par lui perçues pour les délits commis ès rues de la Cité, bâti sa maison au bord de la Seine, précisément à l¿extrémité de la rue du Port-Saint-Landry. Afin de garantir de tout dommage les marchandises déposées sur le port, la ville avait construit une espèce de pile en maçonnerie qui se voit encore sur quelques vieux plans de Paris, et qui préservait le pilotis du port en soutenant à la tête du Terrain les efforts des eaux et des glaces ; le sergent en avait profité pour asseoir son logis, en sorte qüil fallait monter plusieurs marches pour arriver chez lui. Semblable à toutes les maisons du temps, cette bicoque était surmontée d¿un toit pointu qui figurait au-dessus de la façade la moitié supérieure d¿une losange. Au regret des historiographes, il existe à peine un ou deux modèles de ces toits à Paris. Une ouverture ronde éclairait le grenier dans lequel la femme du sergent faisait sécher le linge du Chapitre, car elle avait l¿honneur de blanchir Notre-Dame, qui n¿était certes pas une mince pratique. Au premier étage étaient deux chambres qui, bon an mal an, se louaient aux étrangers à raison de quarante sous parisis pour chacune, prix exorbitant justifié d¿ailleurs par le luxe que Tirechair avait mis dans leur ameublement..."
" Les jeunes gens ont presque tous un compas avec lequel ils se plaisent à mesurer l¿avenir ; quand leur volonté s¿accorde avec la hardiesse de l¿angle qüils ouvrent, le monde est à eux. Mais ce phénomène de la vie morale n¿a lieu qüà un certain âge. Cet âge, qui pour tous les hommes se trouve entre vingt-deux et vingt-huit ans, est celui des grandes pensées, l¿âge des conceptions premières, parce qüil est l¿âge des immenses désirs, l¿âge où l¿on ne doute de rien : qui dit doute, dit impuissance. Après cet âge rapide comme une semaison, vient celui de l¿exécution. Il est en quelque sorte deux jeunesses, la jeunesse durant laquelle on croit, la jeunesse pendant laquelle on agit ; souvent elles se confondent chez les hommes que la nature a favorisés, et qui sont, comme César, Newton et Bonaparte, les plus grands parmi les grands hommes. Je mesurais ce qüune pensée veut de temps pour se développer ; et, mon compas à la main, debout sur un rocher, à cent toises au-dessus de l¿Océan, dont les lames se jouaient dans les brisants, j¿arpentais mon avenir en le meublant d¿ouvrages, comme un ingénieur qui, sur un terrain vide, trace des forteresses et des palais. La mer était belle, je venais de m¿habiller après avoir nagé, j¿attendais Pauline, mon ange gardien, qui se baignait dans une cuve de granit pleine d¿un sable fin, la plus coquette baignoire que la nature ait dessinée pour ses fées marines. Nous étions à l¿extrémité du Croisic, une mignonne presqüîle de la Bretagne ; nous étions loin du port, dans un endroit que le Fisc a jugé tellement inabordable que le douanier n¿y passe presque jamais. Nager dans les airs après avoir nagé dans la mer ! ah ! qui n¿aurait nagé dans l¿avenir ? Pourquoi pensais-je ? pour- quoi vient un mal ? qui le sait ? Les idées vous tombent au c¿ur ou à la tête sans vous consulter. Nulle courtisane ne fut plus fantasque ni plus impérieuse que ne l¿est la Conception pour les artistes ; il faut la prendre comme la Fortune, à pleins cheveux, quand elle vient....."
" Louis Lambert naquit, en 1797, à Montoire, petite ville du Vendômois, où son père exploitait une tannerie de médiocre importance et comptait faire de lui son successeur ; mais les dispositions qüil manifesta prématurément pour l¿étude modifièrent l¿arrêt paternel. D¿ailleurs le tanneur et sa femme chérissaient Louis comme on chérit un fils unique et ne le contrariaient en rien. L¿Ancien et le Nouveau Testament étaient tombés entre les mains de Louis à l¿âge de cinq ans ; et ce livre, où sont contenus tant de livres, avait décidé de sa destinée. Cette enfantine imagination comprit-elle déjà la mystérieuse profondeur des Écritures, pouvait-elle déjà suivre l¿Esprit-Saint dans son vol à travers les mondes, s¿éprit-elle seulement des romanesques attraits qui abondent en ces poèmes tout orientaux ; ou, dans sa première innocence, cette âme sympathisa-t-elle avec le sublime religieux que des mains divines ont épanché dans ce livre ! Pour quelques lecteurs, notre récit résoudra ces questions. Un fait résulta de cette première lecture de la Bible : Louis allait par tout Montoire, y quêtant des livres qüil obtenait à la faveur de ces séductions dont le secret n¿appartient qüaux enfants, et auxquelles personne ne sait résister. En se livrant à ces études, dont le cours n¿était dirigé par personne, il atteignit sa dixième année. À cette époque, les remplaçants étaient rares ; déjà plusieurs familles riches les retenaient d¿avance pour n¿en pas manquer au moment du tirage. Le peu de fortune des pauvres tanneurs ne leur permettant pas d¿acheter un homme à leur fils, ils trouvèrent dans l¿état ecclésiastique le seul moyen que leur laissât la loi de le sauver de la conscription, et ils l¿envoyèrent, en 1807, chez son oncle maternel, curé de Mer, autre petite ville située sur la Loire, près de Blois. Ce parti satisfaisait tout à la fois la passion de Louis pour la science et le désir qüavaient ses parents de ne point l¿exposer aux hasards de la guerre...."
" ¿ Mon cher ami, dit madame de la Baudraye en tirant un manuscrit de dessous l¿oreiller de sa causeuse, me pardonnerez-vous, dans la détresse où nous sommes, d¿avoir fait une nouvelle de ce que vous nous avez dit, il y a quelques jours.¿ Tout est de bonne prise dans le temps où nous sommes ; n¿avez-vous pas vu des auteurs qui, faute d¿inventions, servent leurs propres c¿urs et souvent celui de leurs maîtresses au public ! On en viendra, ma chère, à chercher des aventures moins pour le plaisir d¿en être les héros, que pour les raconter.¿ Enfin la marquise de Rochefide et vous vous aurez payé notre loyer, et je ne crois pas, à la manière dont vont ici les choses, que je vous paye jamais le vôtre.¿ Qui sait ! peut-être vous arrivera-t-il la même bonne fortune qüà madame de Rochefide. Allez !... j¿écoute.Madame de la Baudraye lut ce qui suit.La scène est rue de Chartres du Roule, dans un magnifique salon. L¿un des auteurs les plus célèbres de ce temps est assis sur une causeuse auprès d¿une très-illustre marquise avec laquelle il est intime comme doit l¿être un homme distingué par une femme qui le garde près d¿elle, moins comme un pis-aller que comme un complaisant petito.¿ Hé ! bien, dit-elle, avez vous trouvé ces lettres dont vous me parliez hier, et sans lesquelles vous ne pouviez pas me raconter tout ce qui le concerne ?¿ Je les ai !¿ Vous avez la parole, je vous écoute comme un enfant à qui sa mère raconterait le Grand Serpentin vert...."
" Il est une nature d¿hommes que la Civilisation obtient dans le Règne Social, comme les fleuristes créent dans le Règne végétal par l¿éducation de la serre, une espèce hybride qüils ne peuvent reproduire ni par semis, ni par bouture. Cet homme est un caissier, véritable produit anthropomorphe, arrosé par les idées religieuses, maintenu par la guillotine, ébranché par le vice, et qui pousse à un troisième étage entre une femme estimable et des enfants ennuyeux. Le nombre des caissiers à Paris sera toujours un problème pour le physiologiste. A-t-on jamais compris les termes de la proposition dont un caissier est l¿X connu ? Trouver un homme qui soit sans cesse en présence de la fortune comme un chat devant une souris en cage ? Trouver un homme qui ait la propriété de rester assis sur un fauteuil de canne, dans une loge grillagée, sans avoir plus de pas à y faire que n¿en a dans sa cabine un lieutenant de vaisseau, pendant les sept huitièmes de l¿année et durant sept à huit heures par jour ? Trouver un homme qui ne s¿ankylose à ce métier ni les genoux ni les apophyses du bassin ? Un homme qui ait assez de grandeur pour être petit ? Un homme qui puisse se dégoûter de l¿argent à force d¿en manier ? Demandez ce produit à quelque Religion, à quelque Morale, à quelque Collège, à quelque Institution que ce soit, et donnez-leur Paris, cette ville aux tentations, cette succursale de l¿Enfer, comme le milieu dans lequel sera planté le caissier ? Eh ! bien, les Religions défileront l¿une après l¿autre, les Collèges, les Institutions, les Morales, toutes les grandes et les petites Lois humaines viendront à vous comme vient un ami intime auquel vous demandez un billet de mille francs. Elles auront un air de deuil, elles se grimeront, elles vous montreront la guillotine, comme votre ami vous indiquera la demeure de l¿usurier, l¿une des cent portes de l¿hôpital. Néanmoins, la nature morale a ses caprices, elle se per- met de faire çà et là d¿honnêtes gens et des caissiers...."
" Vers le milieu du mois de juillet de l¿année 1838, une de ces voitures nouvellement mises en circulation sur les places de Paris et nommées des milords, cheminait, rue de l¿Université, portant un gros homme de taille moyenne, en uniforme de capitaine de la garde nationale. Dans le nombre de ces Parisiens accusés d¿être si spirituels, il s¿en trouve qui se croient infiniment mieux en uni- forme que dans leurs habits ordinaires, et qui supposent chez les femmes des goûts assez dépravés pour imaginer qüelles seront favorablement impressionnées à l¿aspect d¿un bonnet à poil et par le harnais militaire.La physionomie de ce capitaine appartenant à la deuxième légion respirait un contentement de lui-même qui faisait resplendir son teint rougeaud et sa figure passablement joufflue. À cette auréole que la richesse acquise dans le commerce met au front des boutiquiers retirés, on devinait l¿un des élus de Paris, au moins ancien adjoint de son arrondissement. Aussi, croyez que le ruban de la Légion-d¿Honneur ne manquait pas sur la poitrine, crâne- ment bombée à la prussienne. Campé fièrement dans le coin du milord, cet homme décoré laissait errer son regard sur les passants qui souvent, à Paris, recueillent ainsi d¿agréables sourires adressés à de beaux yeux absents. Le milord arrêta dans la partie de la rue comprise entre la rue de Bellechasse et la rue de Bourgogne, à la porte d¿une grande maison nouvellement bâtie sur une portion de la cour d¿un vieil hôtel à jardin. On avait respecté l¿hôtel qui demeurait dans sa forme primitive au fond de la cour dimi- nuée de moitié......"
" Léon de Lora, notre célèbre peintre de paysage, appartient à l¿une des plus nobles familles du Roussillon, espagnole d¿origine, et qui, si elle se recommande par l¿antiquité de la race, est depuis cent ans vouée à la pauvreté proverbiale des Hidalgos. Venu de son pied léger à Paris du département des Pyrénées-Orientales, avec une somme de onze francs pour tout viatique, il y avait en quelque sorte oublié les misères de son enfance et sa famille au milieu des misères qui ne manquent jamais aux rapins dont toute la for- tune est une intrépide vocation. Puis les soucis de la gloire et ceux du succès furent d¿autres causes d¿oubli.Si vous avez suivi le cours sinueux et capricieux de ces Études, peut-être vous souvenez-vous de Mistigris, élève de Schinner, un des héros de Un début dans la vie (SCÈNES DE LA VIE PRIVÉE), et de ses apparitions dans quelques autres Scènes. En 1845, le paysagiste, émule des Hobbéma, des Ruysdaël, des Lorrain, ne ressemble plus au rapin dé- nué, frétillant, que vous avez vu. Homme illustre, il possède une charmante maison rue de Berlin, non loin de l¿hôtel de Brambourg où demeure son ami Bridau, et près de la maison de Schinner son premier maître. Il est membre de l¿Institut et officier de la Légion-d¿Honneur, il a trente-neuf ans, il a vingt mille francs de rentes, ses toiles sont payées au poids de l¿or, et, ce qui lui semble plus extraordinaire que d¿être invité parfois aux bals de la cour, son nom jeté si souvent, depuis seize ans, par la Presse à l¿Europe, a fini par pénétrer dans la vallée des Pyrénées-Orientales où végètent trois véritables Lora, son frère aîné, son père et une vieille tante paternelle, mademoiselle Urraca y Lora.Dans la ligne maternelle, il ne reste plus au peintre célèbre qüun cousin, neveu de sa mère, âgé de cinquante ans, habitant d¿une petite ville manufacturière du départe- ment. Ce cousin fut le premier à se souvenir de Léon. En 1840 seulement, Léon de Lora reçut une lettre de monsieur Sylvestre Palafox-Castel-Gazonal (appelé tout simplement Gazonal), auquel il répondit qüil était bien lui-même, c¿est- à-dire le fils de feue Léonie Gazonal, femme du comte Fer- nand Didas y Lora...."
" L¿automne de l¿année 1803 fut un des plus beaux de la première période de ce siècle que nous nommons l¿Empire. En octobre, quelques pluies avaient rafraîchi les prés, les arbres étaient encore verts et feuillés au milieu du mois de novembre. Aussi le peuple commençait-il à établir entre le ciel et Bonaparte, alors déclaré consul à vie, une entente à laquelle cet homme a dû l¿un de ses prestiges ; et, chose étrange ! le jour où, en 1812, le soleil lui manqua, ses prospérités cessèrent. Le quinze novembre de cette année, vers quatre heures du soir, le soleil jetait comme une poussière rouge sur les cimes centenaires de quatre rangées d¿ormes d¿une longue avenue seigneuriale ; il faisait briller le sable et les touffes d¿herbes d¿un de ces immenses ronds-points qui se trouvent dans les campagnes où la terre fut jadis assez peu coûteuse pour être sacrifiée à l¿ornement. L¿air était si pur, l¿atmosphère était si douce, qüune famille prenait alors le frais comme en été Un homme vêtu d¿une veste de chasse en coutil vert, à boutons verts et d¿une culotte de même étoffe, chaussé de souliers à semelles minces, et qui avait des guêtres de coutil moulant jusqüau genou, nettoyait une carabine avec le soin que mettent à cette occupation les chasseurs adroits, dans leurs moments de loisir. Cet homme n¿avait ni carnier, ni gibier, enfin aucun des agrès qui annoncent ou le départ ou le retour de la chasse, et deux femmes, assises auprès de lui, le regardaient et paraissaient en proie à une terreur mal déguisée. Quiconque eût pu contempler cette scène, caché dans un buisson, au- rait sans doute frémi comme frémissaient la vieille belle- mère et la femme de cet homme..."
" Allons, député du centre, en avant ! Il s¿agit d¿aller au pas accéléré si nous voulons être à table en même temps que les autres. Haut le pied ! Saute, marquis ! là donc ! bien. Vous franchissez les sillons comme un véritable cerf ! Ces paroles étaient prononcées par un chasseur paisiblement assis sur une lisière de la forêt de l¿Île-Adam, et qui achevait de fumer un cigare de la Havane en attendant son compagnon, sans doute égaré depuis longtemps dans les halliers de la forêt. À ses côtés, quatre chiens haletants regardaient comme lui le personnage auquel il s¿adressait. Pour comprendre combien étaient railleuses ces allocutions répétées par intervalles, il faut dire que le chasseur était un gros homme court dont le ventre proéminent accusait un embonpoint véritablement ministériel. Aussi arpentait-il avec peine les sillons d¿un vaste champ récemment moissonné, dont les chaumes gênaient considérablement sa marche ; puis, pour surcroît de douleur, les rayons du soleil qui frappaient obliquement sa figure y amassaient de grosses gouttes de sueur. Préoccupé par le soin de garder son équilibre, il se penchait tantôt en avant, tantôt en arrière, en imitant ainsi les soubresauts d¿une voiture fortement cahotée. Ce jour était un de ceux qui, pendant le mois de septembre, achèvent de mûrir les raisins par des feux équatoriaux. Le temps annonçait un orage. Quoique plusieurs grands espaces d¿azur séparassent en- core vers l¿horizon de gros nuages noirs, on voyait des nuées blondes s¿avancer avec une effrayante rapidité, en étendant, de l¿ouest à l¿est, un léger rideau grisâtre. Le vent, n¿agissant que dans la haute région de l¿air, l¿atmosphère comprimait vers les bas-fonds les brûlantes vapeurs de la terre. Entouré de hautes futaies qui le privaient d¿air, le vallon que franchissait le chasseur avait la température d¿une fournaise. Ardente et silencieuse, la forêt semblait avoir soif. Les oiseaux, les insectes étaient muets, et les cimes des arbres s¿inclinaient à peine. ..."
" Par une nuit d¿hiver et sur les deux heures du matin, la comtesse Jeanne d¿Hérouville éprouva de si vives douleurs que, malgré son inexpérience, elle pressentit un prochain accouchement ; et l¿instinct qui nous fait espérer le mieux dans un changement de position lui conseilla de se mettre sur son séant, soit pour étudier la nature de souffrances toutes nouvelles, soit pour réfléchir à sa situation. Elle était en proie à de cruelles craintes causées moins par les risques d¿un premier accouchement dont s¿épouvantent la plupart des femmes, que par les dangers qui attendaient l¿enfant. Pour ne pas éveiller son mari couché près d¿elle, la pauvre femme prit des précautions qüune profonde terreur rendait aussi minutieuses que peuvent l¿être celles d¿un prisonnier qui s¿évade. Quoique les douleurs devinssent de plus en plus intenses, elle cessa de les sentir, tant elle concentra ses forces dans la pénible entreprise d¿appuyer sur l¿oreiller ses deux mains humides, pour faire quitter à son corps endolori la posture où elle se trouvait sans énergie. Au moindre bruissement de l¿immense courte-pointe en moire verte sous laquelle elle avait très peu dormi depuis son mariage, elle s¿arrêtait comme si elle eût tinté une cloche. Forcée d¿épier le comte, elle partageait son attention entre les plis de la criarde étoffe et une large figure basanée dont la moustache frôlait son épaule. Si quelque respiration par trop bruyante s¿exhalait des lèvres de son mari, elle lui inspirait des peurs soudaines qui ravivaient l¿éclat du vermillon répandu sur ses joues par sa double angoisse. Le criminel parvenu nuitamment jusqüà la porte de sa prison et qui tâche de tourner sans bruit dans une impitoyable serrure la clef qüil a trouvée, n¿est pas plus timidement audacieux...."
" C¿est au coin du feu, dans une mystérieuse, dans une splendide retraite qui n¿existe plus, mais qui vivra dans notre souvenir, et d¿où nos yeux découvraient Paris, depuis les collines de Bellevue jusqüà celles de Belleville, depuis Mont- martre jusqüà l¿Arc-de-Triomphe de l¿Étoile, que, par une matinée arrosée de thé, à travers les mille idées qui naissent et s¿éteignent comme des fusées dans votre étincelante conversation, vous avez, prodigue d¿esprit, jeté sous ma plume ce personnage digne d¿Hoffman, ce porteur de trésors inconnus, ce pèlerin assis à la porte du Paradis, ayant des oreilles pour écouter les chants des anges, et n¿ayant plus de langue pour les répéter, agitant sur les touches d¿ivoire des doigts brisés par les contractions de l¿inspiration divine, et croyant exprimer la musique du ciel à des auditeurs stupéfaits. Vous avez créé GAMBARA, je ne l¿ai qühabillé. Laissez-moi rendre à César ce qui appartient à César, en regrettant que vous ne saisissiez pas la plume à une époque où les gentilshommes doivent s¿en servir aussi bien que de leur épée, afin de sauver leur pays. Vous pouvez ne pas penser à vous ; mais vous nous devez vos talents...."
" Il existe à Douai dans la rue de Paris une maison dont la physionomie, les dispositions intérieures et les détails ont, plus que ceux d¿aucun autre logis, gardé le caractère des vieilles constructions flamandes, si naïvement appropriées aux m¿urs patriarcales de ce bon pays ; mais avant de la décrire, peut-être faut-il établir dans l¿intérêt des écrivains la nécessité de ces préparations didactiques contre les- quelles protestent certaines personnes ignorantes et voraces qui voudraient des émotions sans en subir les principes générateurs, la fleur sans la graine, l¿enfant sans la gestation. L¿Art serait-il donc tenu d¿être plus fort que ne l¿est la Nature ? Les événements de la vie humaine, soit publique, soit privée, sont si intimement liés à l¿architecture, que la plupart des observateurs peuvent reconstruire les nations ou les individus dans toute la vérité de leurs habitudes, d¿après les restes de leurs monuments publics ou par l¿examen de leurs reliques domestiques. L¿archéologie est à la nature sociale ce que l¿anatomie comparée est à la nature organisée. Une mosaïque révèle toute une société, comme un squelette d¿ichthyosaure sous-entend toute une création. De part et d¿autre, tout se déduit, tout s¿enchaîne. La cause fait deviner un effet, comme chaque effet permet de remonter à une cause. Le savant ressuscite ainsi jusqüaux verrues des vieux âges. De là vient sans doute le prodigieux intérêt qüinspire une description architecturale quand la fantaisie de l¿écrivain n¿en dénature point les éléments ; chacun ne peut-il pas la rattacher au passé par de sévères déductions ; et, pour l¿homme, le passé ressemble singulièrement à l¿avenir : lui raconter ce qui fut, n¿est-ce pas presque toujours lui dire ce qui sera ? Enfin, il est rare que la peinture des lieux où la vie s¿écoule ne rappelle à chacun ou ses v¿ux trahis ou ses espérances en fleur. La comparaison entre un présent qui trompe les vouloirs secrets et l¿avenir qui peut les réaliser, est une source inépuisable de mélancolie ou de satisfactions douces. ..."
" Vers la fin de l¿année 1612, par une froide matinée de décembre, un jeune homme dont le vêtement était de très- mince apparence, se promenait devant la porte d¿une mai- son située rue des Grands-Augustins, à Paris. Après avoir assez long-temps marché dans cette rue avec l¿irrésolution d¿un amant qui n¿ose se présenter chez sa première maîtresse, quelque facile qüelle soit, il finit par franchir le seuil de cette porte, et demanda si maître François PORBUS était en son logis. Sur la réponse affirmative que lui fit une vieille femme occupée à balayer une salle basse, le jeune homme monta lentement les degrés, et s¿arrêta de marche en marche, comme quelque courtisan de fraîche date, inquiet de l¿accueil que le roi va lui faire. Quand il parvint en haut de la vis, il demeura pendant un moment sur le palier, incertain s¿il prendrait le heurtoir grotesque qui ornait la porte de l¿atelier où travaillait sans doute le peintre de Henri IV délaissé pour Rubens par Marie de Médicis. Le jeune homme éprouvait cette sensation profonde qui a dû faire vibrer le c¿ur des grands artistes quand, au fort de la jeunesse et de leur amour pour l¿art, ils ont abordé un homme de génie ou quelque chef-d¿¿uvre. Il existe dans tous les sentiments humains une fleur primitive, engendrée par un noble enthousiasme qui va toujours faiblissant jusqüà ce que le bonheur ne soit plus qüun souvenir et la gloire un mensonge. Parmi ces émotions fragiles, rien ne ressemble à l¿amour comme la jeune passion d¿un artiste commençant le délicieux supplice de sa destinée de gloire et de malheur, passion pleine d¿audace et de timidité, de croyances vagues et de découragements certains....."
From verdant panoramas to decadent pleasure quarters: Utagawa Hiroshige's final masterpiece, One Hundred Famous Views of Edo, is a woodblock journey through 19th-century Tokyo and a jewel in the ukiyo-e tradition. This reprint is bound in the traditional Japanese fashion and reproduces one of the finest complete original sets belonging to the...
The book includes biographical tributes to many of the men who were killed in action, gives details of the places where they are commemorated, and provides biographies with all the up-to-date information concerning the twenty Victoria Cross recipients.
An Indwelling Voice presents a framework for understanding how, despite linguistic and philosophical barriers, sincere voices are written and read in poetry.
'Compelling and utterly absorbing... an artfully crafted debut' SUSAN STOKES-CHAPMAN, author of PANDORA'A gripping Gothic tale of grief and ambition, passion and intrigue' JESS KIDD, author of THE NIGHT SHIP'A wonderful book; dark, passionate, multi-layered' JOANNE HARRIS, author of CHOCOLAT'A fantastic read: I felt everything about Mary, her simmering anger and her intellectual delight' FREYA MARSKE, author of THE LAST BINDING trilogy'Witty, dark and sharp as a scalpel...brilliantly captures what it's like to be a woman in a man's world' LIZZIE POOK, author of MOONLIGHT AND THE PEARLER'S DAUGHTER________Mary is the great-niece of Victor Frankenstein. She knows her great uncle disappeared in mysterious circumstances in the Arctic but she doesn't know why or how...The 1850s is a time of discovery and London is ablaze with the latest scientific theories and debates, especially when a spectacular new exhibition of dinosaur sculptures opens at the Crystal Palace. Mary, with a sharp mind and a sharper tongue, is keen to make her name in this world of science, alongside her geologist husband Henry, but without wealth and connections, their options are limited.But when Mary discovers some old family papers that allude to the shocking truth behind her great-uncle's past, she thinks she may have found the key to securing their future... Their quest takes them to the wilds of Scotland, to Henry's intriguing but reclusive sister Maisie, and to a deadly chase with a rival who is out to steal their secret...
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