Bøger af Frédéric Van Haute

Le col de Saint Patrick nous laisse un souvenir impérissable, le photographe amateur que je suis ne se lasse pas de capturer ces splendeurs de couleurs et de lumières. Les moutons pullulent. Combien de fois devons-nous nous arrêter à cause de ces animaux qui paissent paisiblement sur le chemin et qui n'ont cure de la venue de nos bruyantes montures? Nous sommes vraiment en pays sauvage et reculé. Le voyage en moto est probablement un des meilleurs moyens de visiter un pays, pas trop vite, par les chemins détournés, nous pouvons passer partout. Et pendant que nous roulons, nous pouvons nous retrouver avec nous-mêmes. J'adore ces moments de solitude accompagnée. Je sens mes meilleurs amis autour de moi, nous sommes là l'un pour l'autre, mais sommes seuls sur chaque moto, seuls et libres.

Sandrine et Annick sont arrivées peu après le départ de Frédéric. Elles étaient scandalisées. Elles ne voulaient plus jamais entendre parler de lui, et elles ne pouvaient pas me dire ce qu'il avait fait, c'était trop horrible. Même Marie-Do était étonnée. Elle ne pouvait pas croire qu'il avait fait quelque chose de si mal. Nous nous sommes même disputées, surtout qu'elles refusaient de me dire ce qu'elles lui reprochaient. Sandrine, surtout, avait l'air navrée pour moi, comme si Frédéric m'avait fait quelque chose d'abominable. J'ai dû leur demander de partir. Je ne voulais pas me disputer avec elles, mais si elles ne me donnaient aucun détail, je ne pouvais pas blâmer mon petit ami. Quoi qu'il ait fait, en cas de problème insurmontable, mon choix était fait. (Extrait du journal de Stéphanie du 12 février 1988)

C'est la troisième année universitaire, une grande décision a été prise et il faut la mener à bien. De grandes responsabilités viennent aussi, encore plus de travail et de participations à des fêtes sans fin. Il faut préserver le secret. Pendant ce temps, il faut aussi apprendre et appliquer la règle de trois que Stéphanie semble affectionner. Pour mener à bien le projet, il est prêt à tout, à changer toutes les données. Après tout, la règle de trois est simple, reptilienne même, et surtout très agréable, pourquoi tergiverser?

- Allez le mettre en cage, une bonne nuit ici lui fera du bien. Le flic me prend vivement le bras et m'emmène de force à l'arrière du bâtiment. Nous descendons dans les sous-sols et il m'enferme dans une prison avec mon ami, qui, un peu crevé, s'est étendu sur la couchette. - Alors? Me demande-t-il.- Conneries. Il m'a posé des questions sur le train de la Saint-Nicolas l'année passée, les parfums que Nico et moi vendons. Et toi? - La même chose. Plus une ou l'autre de mes conneries, et le lac aussi. Il éclate de rire.- Au moins, nous aurons le droit à un sou troué sur la calotte, une nuit au poste au cours d'une guindaille. - Nous n'étions pas vraiment en guindaille, rétorqué-je. Suivre deux types qui cassent tout, ce n'est pas mon genre de fête, c'est une connerie parce que j'ai trop bu. C'est une arrestation arbitraire. - Mais nous avons quand même droit à un sou troué, une nuit au poste, nous sommes bourrés et nous avons fait trop de bruit. En plus, nous n'avons rien cassé.