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Le septième parlement élu depuis l'avènement au trône de la reine Victoria a commencé ses travaux le 1er février 1866, et en voyant comment il y procède, ce qui frappe surtout l'esprit de l'étranger, c'est la facilité et la dignité avec lesquelles il se constitue, c'est l'aménité des rapports qui semblent établis par avance entre les membres d'assemblées que la discussion des affaires publiques va bientôt partager chacune en deux opinions qui pendant toute la durée du parlement ne cesseront pas de se contredire. A la chambre des lords, la chose est des plus simples, il y a un président-né qui est le lord-chancelier en exercice, et les formalités à suivre pour la constitution de la chambre se bornent à la prestation du serment que chacun de ses membres doit renouveler au début de chaque parlement. A la chambre des communes, les choses ne vont pas tout à fait aussi vite: il faut commencer par élire un président, ce qui peut entraîner quelque discussion, d'autant mieux que, ce président étant nommé pour toute la durée du parlement, l'affaire est véritablement grave. Il est très rare cependant que cette élection entraîne de longs délais, parce qu'il est convenu d'un accord unanime que le président ne saurait être ni l'agent de la couronne, ni le représentant d'aucun parti chargé de peser sur les débats, qu'il doit être seulement l'homme le plus impartial de l'assemblée, celui qui est le plus capable de diriger ses débats conformément aux lois et aux traditions...
Parmi les questions graves et délicates qui se sont agitées de tout temps entre la France et l'Angleterre, celle des forces navales qu'entretiennent les deux puissances est certainement une des plus difficiles et l'une des plus imparfaitement connues d'un côté comme de l'autre du détroit. Des circonstances accidentelles, des passions qui semblent presque ne pas pouvoir être éclairées, tout semble se réunir pour rendre moins accessible à l'immense majorité du public un sujet qu'elle trouve à bon droit très obscur. En Angleterre, les discussions mêmes du parlement, sans tenir compte de ce qui se débite dans la presse ou dans les meetings, nous offriraient pour chaque session des exemples mémorables de ce que j'avance. Toutefois ce serait presque peine perdue de s'y arrêter; ce qui doit surtout nous intéresser, c'est l'état moral que ces discussions révèlent, et qui persiste malgré les démentis que les faits viennent si souvent leur donner. Ces débats et les hérésies qu'ils permettent de manifester ou qu'ils propagent ne sont que les symptômes d'une affection, mais ils ne sont pas l'affection même qu'il nous importerait de connaître, et dont il importerait à nos voisins de se bien rendre compte à eux-mêmes...
La politique française ou, pour mieux dire, la politique de l'humanité a pris le dessus en Orient. Les défiances des cabinets ont été forcées de céder à la vivacité du sentiment qui éveillait d'irrésistibles échos dans les coeurs de tous les peuples chrétiens. Après quelques hésitations qui n'ont fait que rendre plus évidente encore l'inévitable nécessité de l'intervention européenne en Syrie, la diplomatie a enfin signé les protocoles qui ont donné la liberté d'action à nos vaisseaux et à nos soldats. La France peut être à bon droit fière du rôle qu'elle remplit. Il y a dans la mission que l'Europe vient de lui confier un hommage public rendu non-seulement à notre puissance, mais, ce qui vaut mieux encore, à notre caractère. Il y a aussi une réparation pour les attaques injustes qui ont été si souvent dirigées autrefois contre notre système de guerre en Afrique. La conduite des Algériens d'Abd-el-Kader, des fils de ceux qui coupaient jadis la tête à leurs prisonniers chrétiens après les avoir fait périr dans les plus cruelles tortures, vient de prouver au monde que ce n'est pas sans profit pour leur moralité que les Arabes ont subi le contact de nos soldats. L'Europe a semblé comprendre aussi que la France était placée dans une situation exceptionnelle pour mener à bonne fin l'expédition de Syrie...
L'un des traits les plus remarquables de l'histoire du monde depuis un siècle, c'est rabaissement progressif ou du moins le retardement de tous les peuples de race latine ou de religion catholique compare au développement extraordinaire, à l'ascendant certain qu'a pris la race anglo-saxonne. Que sont devenus et l'Espagne et le Portugal, et la Hongrie, et la malheureuse Pologne, et la triste Italie, et la déplorable Irlande ? Tous ces états sont amoindris; pour tous, la richesse et le crédit comparatif dont ils jouissaient, le degré de considération et d'importance qu'ils occupaient dans la grande famille, sont douloureusement abaissés. Seule entre les nations qui sont ses soeurs par le sang ou par la religion, la France reste encore debout comme puissance du premier ordre: sans doute, elle aussi, elle a perdu d'immenses possessions et de riches colonies, sans doute elle a vu disparaître la prépondérance fugitive que Dupleix lui conquit pour un moment dans l'Inde; mais, malgré des revers inouïs, malgré des catastrophes sans nombre, et dans lesquelles il semblait qu'elle dût succomber sans espoir de retour, elle n'a cependant pas cessé de travailler, d'augmenter ses richesses intérieures et de développer les ressources de son admirable territoire; mais elle est toujours la mère féconde d'innombrables et vaillantes légions: énigme insoluble, objet d'inquiétudes pour le monde, où elle ne compte plus d'alliés certains, toujours redoutée cependant, car elle est encore puissante par l'influence des moeurs, des goûts et des idées, par les échos menaçants que ne manquent jamais de réveiller les éruptions périodiques de son volcan révolutionnaire...
Après deux mois d'une laborieuse croisière, l'escadre cuirassée est rentrée à Cherbourg le 25 novembre 1863, riche d'études et d'idées nouvelles, heureuse des résultats qu'elle a obtenus et constatés avec une abondance de preuves et de travaux qui semblent ne plus permettre de conserver aucun doute sur le mérite de la marine nouvelle. Il y a peu de jours, celle-ci était encore très discutée, et il n'était pas rare de rencontrer des officiers, même d'un grand mérite, qui, sans nier ses qualités comme instrument de combat, croyaient cependant devoir faire de prudentes réserves quant à ses qualités nautiques. Les sceptiques disaient que ces bâtiments n'avaient pas de hauteur de batterie suffisante et que la moindre agitation de la mer éteindrait le feu de leurs batteries, qu'ils devaient rouler effroyablement à cause des poids énormes qu'ils portaient sur leurs flancs, qu'ils devaient gouverner mal à cause de leur trop grande longueur, qu'ils devaient éprouver beaucoup de difficulté pour s'élever à la lame, qu'ils devaient se délier et se détruire très rapidement sous la triple influence du poids de leurs coques, de l'action réciproque que le fer et le bois exercent l'un sur l'autre, des courants galvaniques qui ne pouvaient manquer de s'établir entre le fer des plaques, et le cuivre du doublage, que sais-je encore ? Tout cela se disait, et de bonne foi, non pas seulement parce qu'il est dans l'ordre des choses que toute innovation soit combattue à sa naissance, mais aussi parce que l'administration de la marine interdisait avec une jalousie que je n'ai jamais pu comprendre l'accès de ses nouveaux navires à tout le monde, même aux officiers qui du jour au lendemain pouvaient être appelés à en prendre le commandement...
Au siècle dernier la France jouissait, comme puissance colonisatrice, d'une considération qu'elle a perdue aujourd'hui. En Amérique Saint-Domingue et le Canada, l'île de France dans les mers de l'Afrique, dans l'Inde les conquêtes et les projets ambitieux de Dupleix, qui semblèrent un moment sur le point de se changer en une magnifique réalité, témoignaient hautement du génie de la France, et montraient surtout avec quelle merveilleuse souplesse ce génie savait se plier aux exigences les plus diverses de la nature et des climats, des races et des peuples répandus dans toutes les parties du monde. C'était alors un fait acquis pour nous et reconnu universellement. Les écrivains du temps, Adam Smith à leur tête, le constatent d'un consentement presque unanime. Aujourd'hui l'opinion a bien changé; depuis notre grande révolution, époque dont nous exagérons singulièrement la gloire, et qui en définitive a laissé la France, la France d'outre-mer surtout, moindre qu'elle n'était avant 1789, nous passons, au contraire, pour être les plus incapables de tous les colonisateurs. Cela est parfaitement accrédité, et l'entreprise que nous tentons en Algérie semble avoir depuis vingt ans confirmé ce jugement si sévère. Aux résultats que nous avons déjà obtenus, on oppose la grandeur des efforts que nous avons dû faire, l'énormité des sacrifices d'hommes et d'argent que nous a déjà coûtés cette dispendieuse conquête, et, quand il s'agit de passer condamnation définitive, on nous objecte, au point de vue moral surtout, les rigueurs du système de guerre que nous avons été forcés de suivre pour vaincre la résistance de l'ennemi...
Lettres sur la marine militaire à propos de la revue de Spithead, par Xavier Raymond, ...Date de l'édition originale: 1856Le présent ouvrage s'inscrit dans une politique de conservation patrimoniale des ouvrages de la littérature Française mise en place avec la BNF. HACHETTE LIVRE et la BNF proposent ainsi un catalogue de titres indisponibles, la BNF ayant numérisé ces oeuvres et HACHETTE LIVRE les imprimant à la demande. Certains de ces ouvrages reflètent des courants de pensée caractéristiques de leur époque, mais qui seraient aujourd'hui jugés condamnables. Ils n'en appartiennent pas moins à l'histoire des idées en France et sont susceptibles de présenter un intérêt scientifique ou historique. Le sens de notre démarche éditoriale consiste ainsi à permettre l'accès à ces oeuvres sans pour autant que nous en cautionnions en aucune façon le contenu. Pour plus d'informations, rendez-vous sur www.hachettebnf.fr
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