Bag om Annouchka
I J'avais alors vingt-cinq ans, ..... cela indique assez que ce sont de vieux souvenirs, fit-il en commençant. Maître de mes actions depuis peu, j'avais résolu de voyager, non pour compléter mon instruction, comme on disait dans ce temps-là, mais pour courir le monde. J'étais jeune, allègre et bien portant, possesseur d'une bourse bien garnie et libre de tout souci importun; je ne me préoccupais point de l'avenir, me livrant à toutes mes fantaisies, en un mot je vivais comme une fleur qui s'épanouit au soleil. Cette idée que l'homme n'est pas une plante, et que sa fleur ne peut durer longtemps, ne s'était pas encore présentée à mon esprit. La jeunesse, dit un proverbe verbe russe, se nourrit de pain d'épice doré, qu'elle prend naïvement pour le pain quotidien, puis un jour le pain même vient à manquer. Mais à quoi bon ces digressions ? Je voyageais au hasard, sans plan prémédité, faisant une halte aux endroits où je me trouvais bien, partant immédiatement dès que j'éprouvais le besoin de voir de nouvelles figures; rien de plus.
Vis mere