Bag om Bertel Thorvaldsen
... Ceux qui, comme nous, ont approché Thorvaldsen pendant les dernières années de son séjour à Rome se souviennent de l'espèce de bonhomie rustique avec laquelle il semblait porter sa renommée et se livrer, lui et ses oeuvres, aux regards des curieux aussi bien qu'aux respects de ses admirateurs. Rien de moins hautain que les habitudes et les manières de ce vieillard dont les rois avaient recherché l'amitié, dont les hommes de tous les rangs et les artistes de tous les pays tenaient à honneur de se faire les courtisans ou les disciples; rien de moins aristocratique non plus que l'aspect de sa personne. Avec son épaisse chevelure en désordre, son visage aux plans carrés et à la physionomie sans souplesse, avec ses formes robustes et sa mise au moins négligée, Thorvaldsen avait les dehors d'un ouvrier bien plutôt que ceux d'un artiste. Ouvrait-il la bouche, son langage, bizarre amalgame de mots italiens, allemands et français, effarouchait l'oreille sans en racheter les surprises ou les fatigues par l'élévation secrète des idées. Tout en lui était incorrect, presque inculte; tout exprimait une ignorance ingénue des règles ou des conventions, quelles qu'elles fussent, depuis les exigences de la grammaire jusqu'aux préceptes du savoir-vivre...
Vis mere