Bag om David et l'école française
... L'école de David a un incontestable mérite d'intention: elle aspire à exprimer des idées graves sous une forme sévèrement châtiée. Ses prédilections naturelles ou acquises sont pour la grandeur épique, la rigoureuse précision du style; la tradition d'art qu'elle entend continuer est la tradition antique, - en d'autres termes le culte de la vérité dans son acception la plus noble. Trop souvent, il est vrai, chez les élèves de David, - sans excepter même les plus éminents, - la recherche de la correction aboutit à la froideur, la retenue dégénère en simplicité apprêtée, et l'on a le droit de dire que dans l'art compris et pratiqué ainsi il y a quelque chose qui sent trop la convention et la rhétorique; mais il convient aussi d'ajouter que ces talents un peu gourmés se recommandent au moins par un fonds de dignité vraie et de savoir sérieux. En face de ces oeuvres où rien n'est abandonné aux hasards de l'exécution, où tout atteste la réflexion et les calculs, la pensée a conscience d'elle-même. Bien des tableaux ont une éloquence plus entraînante: il n'en est guère dont le sens soit moins douteux, ni l'action sur le raisonnement plus directe. Faut-il conclure de là que les disciples de David, et David lui-même, doivent être comptés parmi les plus grands maîtres de l'école française ? A Dieu ne plaise que nous exhaussions à ce niveau le peintre des Sabines ou le peintre d'une Scène de Déluge, et que nous confondions la majestueuse sérénité de Poussin, le sentiment exquis de Lesueur, avec les efforts de volonté accomplis par les peintres modernes ! Nous avons voulu au contraire, en indiquant le caractère général de l'école, faire pressentir d'abord ce qu'elle a d'insuffisant, eu égard à certaines conditions de l'art. Voyons maintenant ce que fut le maître lui-même, et quelle opportunité pouvait avoir la réforme qu'il entreprit. La portée véritable de son oeuvre et de son rôle sera ainsi plus facile à saisir...
Vis mere