Bag om De l'équilibre et de l'état des forces navales en France et en Angleterre
" ... En France même, on parle d'une marine offensive et d'une marine défensive, en distinguant l'une de l'autre, comme si la chose allait de soi. Il faudrait pourtant s'entendre sur les termes de cette distinction. Que les redoutes à terre, les ouvrages fixes, soient considérés comme de simples moyens de défense, on peut l'admettre, avec une réserve pourtant: c'est que de tels ouvrages, en donnant la sécurité, rendent plus disponibles les ressources flottantes et augmentent les forces que l'on aurait à mettre en ligne; mais, pour le matériel à flot, séparer la défense de l'attaque, c'est se prêter à une équivoque. Un bois flottant, animé de vitesse et pourvu d'artillerie, est un instrument offensif autant que défensif; le service est le même: il n'y a de différence que dans le degré de puissance. La flotte du canal par exemple, que l'amirauté semble affecter à la préservation des côtes et des arsenaux anglais, ne pourrait-elle pas, à un jour donné, bloquer et menacer nos arsenaux et nos côtes ? Peu importe la destination du moment; les destinations changent: ce qui est à considérer, c'est moins l'emploi que la valeur intrinsèque des choses. Dire que l'on n'arme que pour sa défense, c'est montrer une bonne intention qui manque de garanties. Aussi ne faut-il prendre ces déclarations que pour ce qu'elles valent et écarter résolument tout ce qui ressemble à des fictions...''
Vis mere