Bag om Du Consulat à l'Empire
" Après dix années durant lesquelles la vie de société avait été interrompue, sans que les éléments qui l'avaient formée pussent se rencontrer ou se rejoindre, un jour vint où les serments de haine à la Royauté parurent périmés et où les Français, du moins la majorité d'entre eux, aspirèrent à une forme d'existence qui fût décente, correcte et agréable. On n'avait point assisté sans dégoût aux fantaisies de luxe grossier où se portaient les nouveaux riches; on s'était indigné aux scandaleux débordements du dictateur; on s'était moqué des ladreries bourgeoises de quelques gouvernants du jour et de l'étalage que faisaient de leurs exactions certains gouvernants de la veille; on était las d'émeutes, las de cortèges sanguinaires, las de coups d'Etat, las de mépris et las de haine. Mais était-ce une raison pour qu'on se plût soudain à une existence réglée en tous les détails, hiérarchisée au point que nul ne pût faire un pas hors de sa place, et que la fantaisie fût sévèrement bannie - au moins celle qui se révélerait au dehors; car le diable n'y perd rien? Quel sentiment éprouvèrent alors, pour accepter ou subir cette vie, les hommes et les femmes appelés à participer au nouveau régime ?..."
Vis mere