Bag om En cassant les noix
Extrait À Mesdemoiselles de Loës, à St-Légier La neige tombe au seuil qu'un beau jour nous passâmes... Près du foyer, l'esprit pétille avec les flammes; Au cher logis, l'amour vient réchauffer les âmes. Neige, tu peux tomber ! Mme Melley. Elles sont souvent charmantes, dans nos campagnes romandes, ces gaies soirées où la famille se groupe, renforcée par un contingent d'invités divers, voisins et voisines, dans le but de casser les noix et de gremailler. - Gremailler ! va s'écrier avec horreur quelque puriste, caché derrière la pauvreté de son dictionnaire académique, qu'est-ce que ce mot peut bien signifier ? - Demandez-le, vous répondrai-je, à quiconque a vécu de la vie de nos campagnes romandes; demandez-le à nos pères, ou à nos grands'mères, à nos familles vaudoises, on vous dira que gremailler est un bon vieux mot fort commode, auquel nous tenons, issu du patois gremailli, qui veut dire éplucher des noix brisées, pour en enlever l'amande ou le grumeau (du patois gremo, gremallion, venant du latin gremium). Ces grumeaux ou cerneaux, dégagés ainsi du zeste desséché, qui les encadre, et de la coque, qui les enveloppe, seront portés au moulin, d'où ils reviendront sous l'aspect liquide et doré de l'huile exquise que l'on sait. Mais pour gremailler avec soin, il faut du temps et du monde, surtout si la récolte a été abondante. On attend ordinairement, pour procéder à cette opération, que les travaux extérieurs aient pris fin et que, dans la maison, gens et bêtes, maîtres et serviteurs, aient pris leurs quartiers d'hiver. Ce moment ne reviendra que trop vite.
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