Bag om Grandgoujon
À ces mots, Grandgoujon sentit plus au vif encore que, n'être pas mobilisé était une situation fâcheuse. Pourtant, se disait-il, elle est légale ! Mais aussitôt il songeait: Peut-être qu'en demandant... en m'engageant... S'engager ! Encore faut-il être sûr de ne pas tomber malade, pour prendre, à l'hôpital, la place d'un malheureux... Bref, il se contenta de cesser sa vie de paix, sans commencer une vie de guerre. Il ne reparut ni chez Creveau, ni au Palais; arrêt de tout: il s'arrêta. Seulement, il cessa d'être heureux. Cette guerre le bouleversait. Il en avait la peau transie. Lui qui aimait la vieille rive gauche, depuis le Luxembourg que chaque printemps rajeunit, jusqu'au Jardin des Plantes, pauvre, démodé, mais touchant, il habitait près du délicieux dôme du Val-de-Grâce, Boulevard Saint-Michel, dans une vieille maison xviiie, dont les fenêtres d'arrière ouvraient sur le potager des Sourds-Muets, et depuis des années c'était une de ses joies naïves de vivre, en plein Paris, devant des poireaux et des tomates, le nez au-dessus de ce grand jardin charmant, avec bassin vieux style, ombragé d'un immense poirier.
Vis mere