Bag om L'Abbé
Je conviens que mes retranchements ont laissé plusieurs lacunes dans l'histoire, et que votre manuscrit original, à ce que l'imprimeur m'assure, eût fourni la matière de quatre volumes. Je sens aussi que, par suite de la permission que vous m'avez donnée, certaines parties de cette même histoire ont perdu de leur clarté faute des détails nécessaires. Mais ne vaut-il pas mieux, après tout, que le voyageur ait quelques fossés à sauter de temps en temps, au lieu de rester enfoncé dans la vase, que le lecteur ait à imaginer des choses d'invention facile, au lieu d'avoir à parcourir les longues pages d'une ennuyeuse explication ? J'ai, par exemple, retranché toute cette merveilleuse machine de la Dame Blanche, ainsi que les beaux vers qui y ont rapport dans le manuscrit original. Vous conviendrez avec moi que le goût public ne favorise pas aujourd'hui ces légendes superstitieuses, qui faisaient à la fois les délices et la terreur de nos ancêtres. J'ai de même supprimé bien des faits, bien des circonstances qui faisaient mieux ressortir l'enthousiasme fervent de la mère Magdeleine et de l'Abbé pour l'ancienne religion. Nous n'éprouvons pas maintenant beaucoup de sympathie pour ces opinions, qui formaient alors en Europe le plus puissant et le plus fécond des principes, si nous en exceptons toutefois la réforme, qui les a combattues avec tant de succès.
Vis mere