Bag om Le salon de 1861
... Pour nous consoler de la faiblesse que révèlent la plupart des oeuvres exposées au Salon de 1861, on dira peut-être que cette exposition n'en présente pas moins un ensemble de travaux plus recommandables encore que ce qu'on rencontrerait dans d'autres pays. Qu'importe, si le fait nous donne tort vis-à-vis de nous-mêmes ? Les fautes du prochain font-elles notre vertu, la ruine d'autrui nous enrichit-elle, ou la maladie qui sévit à notre porte nous garantit-elle la santé ? Au lieu de nous complaire dans la sécurité que nous inspire le spectacle de ce qui se passe ailleurs, nous ferions bien de choisir auprès de nous des termes de comparaison. Sans remonter même au commencement du siècle, sans aller au-delà d'une période de trente années environ, on trouverait dans un rapprochement entre ce récent passé et l'état actuel de l'art français des avis plus significatifs et plus utiles que dans les défaillances de l'art étranger. Où sont aujourd'hui les héritiers de Léopold Robert et de Paul Delaroche, de Scheffer et de Decamps, de Cortot et de Pradier, de Rude, de David d'Angers, de Simart ? A quels lieutenants les peintres et les sculpteurs placés encore à la tête de notre école abandonnent-ils dès à présent l'influence et l'action ? A quelles mains transmettront-ils l'empire qu'ils auront exercé, la tradition qu'ils auront cru fonder ? Il faudrait être pourvu d'un bien robuste optimisme pour juger ces questions superflues, ou pour y trouver une réponse satisfaisante dans le Salon de 1861...
Vis mere