Bag om Les Chants de Maldoror
Texte intégral
Un invraisemblable petit brûlot, tout entier nourri de délires et de violence, de vertiges, de démesures et d'idées morbides. Maldoror, le double maléfique de Lautréamont, en crachant son poison et son fiel, jetait les bases d'une des oeuvres les plus énigmatiques et les plus fascinantes de notre poésie. Alchimie délirante d'un esprit dément, sublime perle noire née d'un champ d'ordures, Les Chants de Maldoror demeurent l'une des rares traces de la fulgurante trajectoire d'Isidore Ducasse, mystérieusement foudroyé en pleine jeunesse. Sa mort, après son oeuvre illuminée, allait alimenter sa légende et le faire entrer dans le club très fermé des poètes mythiques.
Extrait: Il n'est pas bon que tout le monde lise les pages qui vont suivre; quelques-uns seuls savoureront ce fruit amer sans danger. Par conséquent, âme timide, avant de pénétrer plus loin dans de pareilles landes inexplorées, dirige tes talons en arrière et non en avant. Écoute bien ce que je te dis: dirige tes talons en arrière et non en avant, comme les yeux d'un fils qui se détourne respectueusement de la contemplation auguste de la face maternelle; ou, plutôt, comme un angle à perte de vue de grues frileuses méditant beaucoup, qui, pendant l'hiver, vole puissamment à travers le silence, toutes voiles tendues, vers un point déterminé de l'horizon, d'où tout à coup part un vent étrange et fort, précurseur de la tempête.
Vis mere