Bag om Les poches de mon oncle
" Aimez-vous les mathématiques ?... Je parie que non! Enfin, je puis me tromper. Ce goût utile m'est venu si tard que, jugeant de vous par moi, je me figure que vous bâillez comme je bâillais sur les éléments ennuyeux de cette science si intéressante. C'est pourquoi je n'ai jamais compris Pascal, lui qui les inventait, ces terribles mathématiques, parce qu'on ne voulait pas les lui enseigner. Oh ! que j'aurais voulu être à sa place ! avoir autour de moi des obstacles, beaucoup d'obstacles, pour le seul plaisir de ne pas les vaincre, de ne pas monter au grenier comme Pascal enfant; encore moins tracer des angles, droits ou obtus, sur la muraille; toutes choses dont j'avais à cette époque une horreur assez semblable à celle qu'il convient d'avoir de la peste. Donc, je n'aimais point les sciences exactes, c'est entendu. Le malheur est que je détestais l'étude des langues. Partant, aucun goût pour les verbes, soit latins, soit français; pour les analyses, logiques ou autres. Mon antipathie pour le purisme était telle que, ayant ouï dire de Boileau qu'il faisait grand cas d'un mot mis à sa place, et grondait à propos d'une voyelle en son chemin heurtée, je n'aimais pas Boileau, et lui en voulais même un peu d'avoir fait l'Art poétique, comme si le vieil Horace n'eût pas déjà pris cette peine...
Vis mere