Bag om Lettres sur l'Islande
Une traversée de neuf jours nous a conduits à Reykiavik. Le 21 mai nous regardions fuir derrière nous les côtes de France; le 30 au matin le pilote du pays, couvert d'un manteau de peau de phoque, nous guidait vers la capitale de l'Islande, une capitale de 700 habitants, une ligne de maisons danoises au bord de la mer, et les cabanes islandaises sur les côtés. À voir de loin ces maisons en bois, abritées entre deux collines, posées l'une à la suite de l'autre le long de la rade, on dirait autant de bateaux pêcheurs ancrés sur la grève et attendant le retour de la marée pour se remettre à flot. Grâce pourtant à ces habitations danoises, l'impression que l'on éprouve en entrant à Reykiavik est moins triste qu'on pourrait se l'imaginer d'après les relations de plusieurs voyageurs. On passe encore par certains degrés de civilisation avant d'en venir à l'aspect réel du pays. Les ornements de luxe dont les marchands danois aiment à s'entourer, cachent comme un rideau la nudité des demeures islandaises, et les maisons bâties en bois nous préparent graduellement à voir la cabane sauvage qui s'élève à quelques pieds de terre, avec ses murailles de tourbe et son toit de gazon. Mais ce dont nulle civilisation étrangère ne peut faire grâce au voyageur qui arrive ici pour la première fois, c'est l'odeur nauséabonde qui le saisit au moment où il pose le pied sur le sol de l'Islande. Cette odeur le poursuit partout et s'attache à tous les objets dont il se sert; c'est le résultat de cette quantité de poisson que les Islandais font sécher en plein air, le résultat de la malpropreté au milieu de laquelle vivent ces malheureux, et des matières souvent corrompues dont ils se nourrissent...
Vis mere