Bag om Marianne
Il était enthousiaste et artiste dans tous les sens, mais sans savoir passer du sentiment à la pratique, et de l'inspiration au métier. Il eût voulu suivre les théâtres; le théâtre est un superflu qu'il avait dû se refuser. Il aimait la peinture et la jugeait bien; mais, pour faire les études nécessaires, il eût fallu avoir du pain, et il n'en avait qu'à la condition d'en gagner au jour le jour. Il avait de la passion politique et aucun milieu pour y développer ses idées, trop de scepticisme d'ailleurs pour se faire le coryphée d'un homme ou d'un parti. Il avait ressenti l'amour avec une intensité douloureuse, mais sans espoir, car il s'était toujours épris de types supérieurs hors de sa portée. Pendant des mois entiers, il s'était exalté pour la Pasta, qu'il avait vue deux ou trois fois sur la scène, et qu'il attendait tous les soirs de représentation à l'entrée des artistes, pour la voir passer et disparaître comme une ombre. Il avait aimé aussi mademoiselle Mars; il avait rêvé de sa voix et de son regard jusqu'à en être malade et désespéré.
Vis mere