Bag om Monadologie et sociologie
" Les monades de Leibniz ont fait du chemin depuis leur père. Par diverses voies indépendantes elles se glissent, à l'insu des savants eux-mêmes, dans le coeur de la science contemporaine. Il est remarquable que toutes les hypothèses secondaires impliquées dans cette grande hypothèse en ce qu'elle a d'essentiel, sinon de leibnizien, sont en train d'être établies scientifiquement. Elle implique, en effet, d'abord la réduction à une seule de ces deux entités, la matière et l'esprit, confondues dans la seconde, et en même temps la multiplication prodigieuse des agents tout spirituels du monde. Elle suppose en d'autres termes la discontinuité des éléments et l'homogénéité de leur être. C'est seulement d'ailleurs à cette double condition que l'univers est translucide jusqu'en son fond au regard de l'intelligence. Or, d'une part, à force d'avoir été sondé mille fois et jugé insondable, l'abîme séparatif du mouvement et de la conscience, de l'objet et du sujet, de la mécanique et de la logique, a fini par être révoqué en doute, réputé apparent, enfin ni par les plus hardis qui ont trouvé partout de l'écho. D'autre part, les progrès de la chimie nous conduisent à l'affirmation de l'atome, à la négation de la continuité matérielle que le caractère continu des manifestations physiques et vivantes de la matière, l'étendue, le mouvement, la croissance, semblait superficiellement révéler. Rien de plus surprenant au fond que la combinaison des substances chimiques en proportions définies à l'exclusion des proportions intermédiaires. Nulle évolution, ici, nulle transition, tout est net, brusque, tranché; et cependant tout ce qu'il y a d'ondoyant, d'harmonieusement gradué dans les phénomènes vient de là, à peu près comme la continuité des nuances serait impossible sans la discontinuité des couleurs... " G. T.
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