Bag om Otfried Muller et les Origines de la poésie hellénique
L'histoire des littératures, comme toutes les autres applications de l'esprit, est entrée depuis plus d'un demi-siècle dans une voie scientifique d'où elle ne sortira plus. Nous entendons par là que les appréciations de sentiment, telles qu'on les trouve encore dans La Harpe et chez les critiques de son école, ont fait place à l'étude des faits, à des inductions historiques fondées sur eux et à la recherche des lois qu'a suivies l'intelligence des peuples dans les productions littéraires. C'est dire que l'histoire des lettres ne doit plus présenter de ces jugements absolus et arbitraires, variant selon le goût de chacun, changeant de siècle en siècle et d'école en école. Il n'y a plus de prétendu critérium universel du beau applicable indistinctement à tous les peuples et à tous les auteurs: au lieu de la règle inflexible dont on se munissait avant d'aborder l'étude des écrivains, on arrive sans parti-pris et avec l'intention de les comprendre avant de les juger. Pour cela, on les prend tels que l'histoire nous les donne, on les analyse, on les compare, on les remet dans le milieu où ils ont vécu, on se place avec eux dans les circonstances sociales, politiques, religieuses, dont l'action s'est exercée sur leur génie pour le produire ou pour le transformer. On ne s'extasie plus dans une admiration béate devant un nom ou devant un livre, sans même se demander si ce nom représente un homme et si ce livre est l'oeuvre d'un auteur ou d'une époque. L'historienne veut plus avoir en face de lui que la réalité; la critique a remplacé le sentiment...
Vis mere