Bag om Par dessus la haie
" Il arrivera !... Il n'arrivera pas !... Ces deux exclamations partent d'un wagon de première classe; on regarde en riant un petit homme sec, vêtu d'une longue redingote brune usée jusqu'à la corde. Il court de toute la force de ses vieilles jambes, et se démène tant qu'il peut sous trois ou quatre paquets qui compliquent la situation. Le terrible coup de sifflet lui donne une secousse; un paquet tombe, puis un autre. pendant qu'il se baisse pour les ramasser, le troisième paquet s'en mêle; c'est à en perdre la tête; il ne la perd pas, car il tient et serre étroitement dans sa main droite l'affreux sac de voyage qu'il promène depuis trente ans, dit-on, et dont il ne se séparerait pas, le monde croulant. En voiture, messieurs, en voiture ! Cette voix stridente redouble l'empressement du bonhomme. Il étouffe... qu'importe ! On part. Il lance ses paquets à la volée dans un wagon de troisième, et se lance lui-même, au risque de se casser le cou, mais tenant toujours ferme l'affreux sac de voyage. Assis enfin, il compte ses paquets, tire de sa poche un vieux mouchoir de coton à carreaux, s'essuie le front, et, à demi mort de fatigue, se plonge dans une torpeur qui ne l'empêche pas toutefois de surveiller son matériel..."
Vis mere