Bag om Prières et pensées chrétiennes
"... Seigneur, prenez pitié du chrétien qui doute, de l'incrédule qui voudrait croire, du forçat de la vie qui s'embarque seul, dans la nuit, sous un firmament que n'éclairent plus les consolants fanaux du vieil espoir ! Voilà bien le cri de détresse de la pauvre âme abandonnée à elle-même et qui se tourne vers le ciel par une sorte de mouvement instinctif, parce qu'elle a expérimenté qu'il n'y avait plus aucune miséricorde ni aucune compassion pour elle sur la terre. Déjà dans À Vau-l'eau, Folantin, au beau milieu de son désarroi, constatait que ceux-là sont heureux qui acceptent comme une épreuve passagère toutes les traverses, toutes les souffrances, toutes les afflictions de la vie présente . Mais il exprimait ainsi, sans s'y attarder, un regret très vague de n'avoir pas la Foi; et s'il est intéressant de savoir qu'avant sa conversion Huysmans rôde aux alentours de l'Église et voudrait avoir la force d'en franchir le seuil, afin d'échapper aux misères qui l'oppriment; il importe de retenir ce fait d'un homme notoirement incrédule qui supplie Dieu d'avoir pitié de lui. La forme même de sa prière marque le désir qu'il a de ne plus se débattre dans les ténèbres où il gémit; elle est une obsécration directe, un sanglot de douleur, l'appel désespéré d'un enfant perdu, qui jette aux échos le nom de sa mère..."
Vis mere