Bag om Saint François d'Assise et l'Art italien
Durant longtemps, depuis la Renaissance et la Réforme, la vieille cité d'Assise et sa Basilique ne furent guère un but de pèlerinage que pour les fervents catholiques et les ecclésiastiques lettrés. Aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, les voyageurs, humanistes ou hétérodoxes, ne daignent plus s'arrêter dans cette bourgade, silencieuse et déserte, n'offrant à leur vue, sous des débris de tours et remparts ébréchés, qu'un amoncellement confus et désordonné de couvents et d'églises, tous d'un style démodé, gothique, barbare, irrégulièrement superposés en des lacis tortueux de ruelles glissantes et raboteuses, d'une escalade pénible. Si quelque esprit fort, au XVIIIe siècle, par hasard se rappelle le patron du lieu, saint François, c'est à travers le souvenir répugnant de quelques capucins dégénérés, objets de risée légendaire pour les conteurs égrillards et les bourgeois pratiques, qu'ils ont vus traînant leur oisiveté dans les quartiers populaires. Pour eux, les seuls grands hommes d'Assise sont tout au plus Properce, le chantre élégiaque, élégant et précieux, des courtisanes romaines, ou leur contemporain Métastasio, le librettiste sentimental des opéras langoureux. Aucun ne semble se douter qu'au Moyen âge, un autre chantre d'amour, mais d'un amour plus pur et plus profond, d'un brûlant amour pour la nature entière, pour toutes les créatures et pour leur Créateur, avait, sur ce même sol, dans l'enchantement du même ciel, répandu, par ses paroles et ses exemples, un trésor infini de pitié, de tendresse, d'espérances, d'une poésie naïvement humaine, autrement sincère, consolante, salubre et féconde que toutes les virtuosités, égoïstes et stériles, des littératures mondaines et savantes...
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