Bag om Scènes de la vie militaire en Italie
On dit généralement beaucoup de bien de l'armée italienne. Ce qui la recommande à la sympathie des esprits sérieux, ce ne sont pas des batailles gagnées: il est rare que les triomphateurs inspirent beaucoup d'affection; c'est bien plutôt le devoir pacifique et civil qu'elle n'a cessé de remplir. Maintenant que le péril est passé, il n'y a plus d'imprudence à le reconnaître: l'Italie a traversé de mauvais moments. Elle a grandi trop vite, et l'on sait que les brusques croissances donnent des maladies de langueur. L'unité nationale, précipitée par la force des choses, a produit en plus d'un endroit l'effet d'une révolution ou d'une invasion. Après les premiers transports d'enthousiasme, on vit surgir quantité d'intérêts lésés, d'espérances déçues; les partis vaincus revinrent à la charge, les émeutiers déconfits se mirent en fureur. Ceux qui avaient perdu, au change et ceux qui n'y avaient rien gagné poussèrent à la révolte; les mains vides, firent le poing, les prêtres soulevèrent les femmes, les marguilliers sonnèrent le tocsin, réveillant les haines de clocher; les bourbonniens dispersés se rallièrent en bandes de voleurs: ceux qui commandaient de Turin ne savaient où donner de la tête...
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