Bag om La Dette française
" Avoir (est-ce bien le verbe qu'il convient d'employer ?) une dette paraît, de nos jours, l'un des apanages de la souveraineté. Il n'est si minuscule Etat qui, à l'exemple des plus grands, ne croie devoir emprunter sous forme d'obligations négociables sur les marchés financiers, et qui ne pense affirmer ainsi son droit à l'existence dans le concert des Puissances autonomes. A peine une principauté s'est-elle constituée que, avant même d'avoir coupé tous les liens qui la rattachaient à un Etat suzerain, elle cherche et trouve des banquiers complaisants qui monnayent sa signature et placent dans le public ses rentes, entourées de garanties plus ou moins sérieuses. Cette forme moderne des emprunts publics a pris, durant le XIXe siècle, une extension tout à fait extraordinaire, qui a coïncidé avec le progrès de la fortune mobilière, et qui a fait du crédit des empires, royaumes et républiques, une sorte de marchandise courante, qui s'échange à chaque minute dans les principales Bourses du monde, et dont les cours reflètent le crédit de chacun d'eux, c'est-à-dire l'opinion que la majorité des hommes se forment de la solvabilité du débiteur. C'est l'existence de ces marchés publics, l'ampleur des transactions qui s'y effectuent, qui a donné, dans le monde contemporain, un aspect particulier au problème des dettes publiques. Mais l'existence de celles-ci n'est pas un phénomène récent. On peut remonter haut dans l'histoire et y trouver à chaque page la trace d'opérations financières par lesquelles les gouvernements se procuraient des ressources..."
Vis mere