Bag om L'Âme du violon
" Le jour de cette fête avait, en renaissant, ramené le concours annuel et accoutumé des danses, des chants d¿allégresse. Toute la jeunesse d¿Inspruck était accourue, de même que les habitants des villages voisins. Il fallait voir, d¿un côté, les riches bourgeois, les étudiants à la tournure pittoresque, les officiers au blanc uniforme ; de l¿autre, les pâtres endimanchés, les hardis chasseurs au chapeau conique garnis de rubans ; les jeunes filles vêtues d¿une large camisole blanche et d¿une jupe d¿un bleu foncé avec un fichu noir sur la poitrine et un chapeau d¿homme sur la tête. Les hourras se croisaient ; derrière les immenses roches dolomites, aux pointes acérées et ciselées, partaient des refrains aux sons aigus ; et ces refrains, emportés par l¿écho des montagnes, en éveillaient d¿autres qui y répondaient exactement. C¿était comme une chaîne vocale qui se suivait à travers l¿étendue sans interruption et sans discordance. Les voix mâles et les voix de femmes s¿unissaient dans la même expression de joie. Les vocalises prenaient dans la vibration de l¿air un ensemble harmonieux qui se trouvait transformer tout un pays en une salle de concert, et c¿était quelque chose de charmant que d¿entendre ces chanteurs, inconnus les uns aux autres, se confondre en un même sentiment par les mélodies nationales."
Vis mere