Bag om Le Tiers-état et son rôle politique en France
... À l'ardeur de ces luttes succéda, après la révolution de juillet, l'apaisement protecteur qui suit la victoire et la modération que suscite la responsabilité. L'illustre historien avait vu dans l'érection de la monarchie de 1830 la consécration logique et solennelle de toutes ses théories historiques. À ses yeux, la bourgeoisie venait d'imiter ce qu'avait fait l'aristocratie française au Xe siècle en imprimant à une victoire, oeuvre légitime du progrès des temps, le sceau définitif qui marque presque toujours les grandes transformations sociales. Dans un renouvellement de jeunesse et d'ardeur, il se dévoua à étudier, en remontant à ses sources les plus obscures, l'origine de ce tiers-état qui, parvenu à la plénitude de son développement intellectuel et de son influence, venait de faire un roi à la manière des grands vassaux couronnant le duc de France. Préoccupé de sa pensée fondamentale, il put arriver à M. Thierry de faire souvent dans le passé la part de la bourgeoisie trop grande, celle de la noblesse et surtout la part de l'église trop petite; il parut parfois méconnaître que, sans figure et au pied de la lettre, la France avait été faite par la main du clergé du XIe au XIIe siècle, et que ses frontières avaient été tracées par le sang de la noblesse du XVe au XVIIe. On aurait dit parfois qu'il portait aux deux premiers ordres de l'état des sentiments analogues à ceux que le duc de Saint-Simon professait pour le troisième; et si l'élévation de sa pensée ne l'avait défendu contre les entraînements de sa nature, on aurait pu craindre qu'il ne devint le Boulainvilliers de la bourgeoisie...
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