Bag om Mémoires de Valentin Conrart
Vous savez, Monsieur, en quel déplorable état la France est réduite par les désordres qu'ont faits et que font tous les jours les troupes des deux partis, qui ne s'accordent qu'en ce point, d'inventer à l'envi de nouveaux supplices pour affliger et pour faire périr les innocens. La compagnie vous conjure, Monsieur, au nom de tout ce qu'il y a de bons Français, de ne rien omettre de ce qui dépendra de vous pour rétablir cette correspondance de la maison royale, si nécessaire pour notre bonheur, et pour le vôtre même; et de rompre tous obstacles, plutôt que de rompre cette précieuse union, de laquelle dépend le salut public. Surmontez ici vos sentimens avec la même générosité qui vous a fait surmonter vos ennemis; et si vous avez glorieusement travaillé pour la réputation de ce royaume, agissez aussi utilement pour sa tranquillité. Cette compagnie tiendroit à bonheur singulier de pouvoir contribuer en quelque chose du sien à un ouvrage si important. Il n'y a ni soin, ni peine, ni bien, ni vie, que chacun de nous n'emploie volontiers pour un effet si désirable.
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