Bag om Mémoires d'Un Fils de Nazis
Je suis né en 1937. Mon père, duquel je me souviens si peu, à part cette image où je le vois me prenant dans ses bras et me soulevant très haut dans les airs, est mort dans un accident de voiture quelques mois avant la déclaration de la guerre. Petit, il paraît que je ne cessais de le réclamer lorsqu'il était au travail, ma mère, elle, en était très fière, car il comptait parmi les hautes autorités du Parti, faisant de nous une famille respectée. Cette famille qui porte une culpabilité monstrueuse et qui s'est déteinte sur moi, en laissant une cicatrice indélébile. Mais j'ai aussi connu les joies et les plaisirs de la légèreté, comme tout un chacun, et je ne peux m'en plaindre. Après tout, aucun enfant ne choisit son destin.En introduction à mon récit, je vous soumets, chers lecteurs, ce journal sous différentes formes, selon les événements qui se succéderont, et dont j'ai intitulé le premier chapitre 'Fabio, mon obsession'. Fabio est ce petit Juif vénitien que j'ai entrevu, enfant, en compagnie de mon oncle Ludwig, ce cher oncle SS qui me disait le protéger, mais qui, en réalité, avait abusé de lui, cela je ne le comprendrai que beaucoup plus tard. J'ai côtoyé ce garçon, qui avait mon âge, l'espace d'à peine quelques minutes, au moment le plus fragile de mon enfance, mais dont le souvenir m'accompagnera jusqu'à la fin de mes jours, car, l'un et l'autre, nous avons eu le coup de foudre, et savions déjà, par ce mystérieux et ineffable lien, que nous nous retrouverions, ici-bas ou dans l'au-delà. Je vous raconterai mes longs séjours en Amérique, en Italie et au Mexique, puis, de retour en Allemagne, mon mariage avec une artiste américaine, rencontrée à l'université; nous aurons un fils, ce fils que je prénommerai Fabian. Et quand je ne supporterai plus le trop-plein d'émotion, je continuerai de me raconter avec les mêmes outils, toujours en évoquant le Fabio 'sacré' de mon enfance. Après tout, la vie est un parcours tortueux, plein d'imprévus, alors, pourquoi donc cette histoire serait-elle lisse ou linéaire?
Vis mere