Bag om Une Croisière dans l'Océan Pacifique
Le goût des Anglais pour les voyages nous a trouvés jusqu'à ce jour plus portés à la raillerie qu'à l'imitation. Nous ne voyons guère là qu'une manie frivole, et pourtant il nous sied peu de tourner en ridicule les habitudes nomades de nos voisins. La plupart des voyageurs anglais ne rapportent pas seulement de leurs lointaines excursions des récits, des impressions de touriste: l'Angleterre leur doit aussi d'utiles informations et de précieux documents. Chaque année, il se publie au-delà du détroit de nombreuses relations de voyages auxquelles ne manque jamais un public empressé. Pour quelques lecteurs désoeuvrés qui ne trouvent à noter dans ces relations que les prix des tables d'hôte ou des bateaux à vapeur, le nombre est grand de ceux qui les consultent avec une attention intelligente, et qui se plaisent ainsi à augmenter sans fatigue la somme de leurs connaissances politiques ou commerciales. Souvent même d'importantes révélations appellent sur ces récits l'intérêt de l'homme d'état; ne sont-ce pas en effet des voyageurs anglais qui ont appris en 1840 à lord Palmerston la faiblesse réelle du pacha d'Égypte, si étrangement méconnue par notre gouvernement ? Loin donc de nous égayer aux dépens de ces hommes entreprenants qui portent en tous pays l'influence anglaise, et qui n'ont souvent du touriste que le nom, nous ferions mieux de marcher sur leurs traces et de nous inspirer de leurs exemples. Pourquoi la France n'aurait-elle pas aussi ses pionniers ardents et infatigables ? ...
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